Thèse soutenue

La représentation de Dieu dans le drame de Paul Claudel

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Auteur / Autrice : Armelle de Rincquesen Corman
Direction : Jeanyves Guérin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Macé-Barbier
Examinateurs / Examinatrices : Jeanyves Guérin, Nathalie Macé-Barbier, Pascal Lécroart, Marie-Eve Benoteau-Alexandre
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Macé-Barbier, Pascal Lécroart

Mots clés

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Résumé

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Dieu s’est présenté à Paul Claudel le soir de Noël 1886, et depuis lors l’auteur, qui était déjà poète, n’a cessé de chercher à le représenter. Pour cela, il s’est battu, durant les quatre années de combat intérieur qui suivirent sa conversion ; il a cherché à maîtriser Dieu ; il a cédé, tel Jacob avec l’Ange, acceptant de se laisser pénétrer par un mystère qui le dépasse ; il s’est formé, à l’école patristique et thomiste ; il a prié, en communiant avec les saints ; il a enfin beaucoup écrit, tachant par ses poèmes et ses œuvres dramatiques de mettre un visage sur cette présence surnaturelle, contribuant ainsi à la Révélation divine. C’est donc à la fois en héros tourmenté et en poète clairvoyant que Claudel met Dieu en scène. Ce double regard subjectif et objectif, qui fait écho au double génitif du sujet de cette étude, explique l’ambivalence du portrait de Dieu tel qu’il est mis en scène dans le théâtre claudélien. Les drames relatent en effet le parcours initiatique spirituel de héros qui rencontrent Dieu par la femme, qui se sentent blessés et abandonnés par lui, avant de réaliser que leur perception de Dieu était faussée, par un péché qui les avait éblouis comme Mesa sous le soleil de midi. La conversion de ces héros correspond à un changement de point de vue : en embrassant celui de la croix, qui donne une hauteur de vue aux évènements et qui coïncide avec le regard du Christ, le drame individuel s’éclaire à la lumière de l’histoire du salut et la vision de Dieu est rétablie, par un regard ajusté et dans la contemplation divine. Le Christ, en qui image et présence divines coïncident, est ainsi l’élément de résolution du drame. C’est à son imitation, en passant par la nuit de la croix, que l’homme adultère peut devenir à la fois poète et époux, à l’instar du personnage de Don Rodrigue. Il devient alors vraiment ce qu’il est, image vivante de Dieu, lui-même créateur et Époux. L’homme, dont l’archétype est le Christ, a ainsi le pouvoir et la mission de « représenter » Dieu par une vie si unie à la sienne qu’elle actualise sa présence. En ce sens, le drame individuel n’est plus une simple analogie de l’histoire du salut, mais véritablement une « action » qui engage l’homme dans cette histoire sainte, en vue de l’avènement de Dieu. Dès lors, la représentation théâtrale devient elle aussi une action engageante, qui donne à l’œuvre claudélienne une efficacité théologique et une ambition catéchétique.