De l’égorgeur au damné. Pourquoi les préférences narratives changent-elles ? La tradition orale quechua de Huancavelica (Pérou)
Auteur / Autrice : | Pablo A. Landeo Muñoz |
Direction : | César Itier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance le 01/03/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche et de documentation sur les Amériques |
Institut : Institut des Hautes Études de l'Amérique latine (Université Paris III) | |
Jury : | Président / Présidente : Valérie Robin Azevedo |
Examinateurs / Examinatrices : César Itier, Valérie Robin Azevedo, Alan Durston, Alison Krögel, Capucine Boidin-Caravias, Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca | |
Rapporteur / Rapporteuse : Alan Durston, Alison Krögel |
Résumé
La tradition orale andine a jusqu’à présent été abordée, selon les cas, en tant que conservatoire de la sagesse populaire, reflet de structures de pensée, expression des confrontations de classes ou d’un point de vue littéraire. Au contraire de ces approches, notre thèse s’intéresse à mettre en lumière le sens des récits. Elle considère les textes oraux comme des figurations narratives problématisant les conflits sociaux et culturels. Nous avons effectué notre travail de terrain dans plusieurs communautés de langue quechua du département péruvien de Huancavelica. Nous étudions des contes qui remplissent différentes fonctions, pédagogiques et satiriques, et comparons les préférences narratives de l’époque de notre enfance, lorsque les contes de « l’égorgeur » constituaient une grande partie des répertoires, avec celles des conteurs actuels, pour lesquels le « damné », le plus dangereux des prédateurs andins, est une figure prédominante. Nous cherchons ensuite à répondre à des questions telles que : pourquoi les préférences narratives changent-elles ? pourquoi certains thèmes narratifs suscitent moins d’intérêt, tandis que d’autres conservent leur validité et renforcent leur présence ? Notre travail de terrain et l’analyse des contes nous montrent que les récits se sont adaptés aux besoins des conteurs, à l’expérience du conflit armé interne, à la migration et à la montée des discours de l’évangélisation protestante, qui condamne les coutumes traditionnelles et encourage les changements de mode de vie, valorisant l’effort individuel aux dépens de l’esprit collectif des communautés locales.