Thèse soutenue

La déportation des juifs de France : changement d'échelle

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Auteur / Autrice : Alexandre Doulut
Direction : Denis Peschanski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 26/11/2021
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2000-....)
Jury : Président / Présidente : Laurent Joly
Examinateurs / Examinatrices : Denis Peschanski, Laura Hobson Faure, Serge Klarsfeld, Renée Poznanski
Rapporteurs / Rapporteuses : Sarah Gensburger

Résumé

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Cette thèse se propose de réinterroger l’histoire des Juifs en France face à la Shoah par une approche multiscalaire. En quoi l’histoire des Juifs de France peut-elle différer ou pas quand on l’étudie à l’échelle de la zone d’occupation, à celle de la région ou à celle du département ? Quatre blocs géographiques se dégagent : Paris, le reste de la zone occupée, la zone sud et la zone d’occupation italienne. Je m’appuie sur un travail classique d’accumulation d’archives et sur une saisie de données individuelles dans un tableur rassemblant les noms des 74 000 déportés juifs (convois 1 à 82). 49 % des déportés juifs de France ont été arrêtés à Paris ; 17 % dans le reste de la zone occupée ; 26 % en zone sud ; 8 % dans les départements tombés en zone italienne. 62 % des déportés de Paris l’ont été avant octobre 1942, contre 39 % en zone occupée et 48 % en zone non occupée. Il faut attendre mars 1944 pour que le bilan chronologique de la zone occupée rejoigne celui de Paris. La Shoah à Paris a été plus précoce qu’ailleurs et environ 70 % des déportés parisiens ont été raflés contre 30 % arrêtés isolément. En zone occupée, autour de 60 % des déportés ont été raflés contre 40 % arrêtés individuellement (le plus souvent en traversant une frontière ou la ligne de démarcation). Après octobre 1942, il ne reste presque plus aucun Juif étranger recensé en zone occupée ; les Juifs français y sont eux raflés impitoyablement en janvier-février 1944. Dans la moitié de la France, la « solution finale » a ainsi été menée à son terme. En zone non occupée, ce ne sont pas seulement des étrangers qui sont ciblés, mais des réfugiés et des expulsés de 1940 : 3 000 déportés ont été arrêtés hors de France (Belgique, Luxembourg et Bade-Palatinat). Dans l’ensemble, 10 000 déportés juifs de France n’y habitaient pas en mai 1940. En résumé, il valait mieux être français qu’étranger ; les Juifs étrangers étaient plus vulnérables lorsqu’ils étaient aussi des réfugiés ; pour un Juif français, il valait mieux vivre à Paris qu’ailleurs en zone occupée ; français ou étranger, il valait mieux être en zone sud qu’en zone occupée ; en zone sud et à Paris, les femmes et les enfants ont été moins touchés que les hommes ; en zone occupée, il valait mieux partir que rester à son domicile. Le danger n’était pas le même partout, le danger n’était pas le même selon qui l’on était.