Thèse soutenue

La nuit de noces : une histoire sociale et culturelle de l'intimité conjugale (France, années 1800 - années 1920)
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Auteur / Autrice : Aïcha Limbada
Direction : Dominique KalifaPhilippe Boutry
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 12/01/2021
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre d'histoire du XIXe siècle (Paris ; 195.?-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Carol
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Boutry, Vincent Gourdon
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Emmanuelle Demartini, Sylvain Venayre

Résumé

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Selon les normes sociales et morales de la France du XIXe siècle et du début du XXe siècle, c’est au cours de la première nuit qui suit le mariage que les jeunes époux sont supposés consommer sexuellement leur union. La permanence de cette injonction s’inscrit dans une période de redéfinition des normes et des pratiques matrimoniales – instauration du mariage civil pendant la Révolution française, essor du modèle du mariage bourgeois, débats sociaux et religieux sur le droit au divorce suivis de son rétablissement en 1884, et lente libération des mœurs qui s’accélère à partir de la Belle Époque. Cette thèse montre en quoi la nuit de noces est devenue, entre les années 1800 et les années 1920, un événement décisif de la vie des époux. Elle s’attache à retracer à la fois les normes, les représentations et les pratiques de ce fait social qui concerne à cette époque la quasi-totalité de la population française. Des sources variées, parmi lesquelles des productions culturelles et savantes (écrits fictionnels et images, essais, ouvrages médicaux, études folkloristes…) et des récits produits par les époux eux-mêmes à l’occasion de procédures matrimoniales canoniques, permettent d’appréhender les multiples facettes de ce moment de l’entrée dans la vie conjugale qui relève de la plus grande intimité. Trois axes guident cette étude : le secret, à la fois réalité des pratiques nuptiales et lieu d’élaboration de discours traçant la frontière genrée du dicible et de l’indicible, du décent et de l’indécent ; la tradition à laquelle renvoient les rites nuptiaux qui, au cours du siècle, sont toutefois l’objet d’un renouvellement porté par les valeurs du mariage bourgeois ; et l’épreuve physique et morale de la consommation sexuelle qui met au jour, dans les plis de l’intimité, les rapports de domination entre les hommes et les femmes.