Thèse soutenue

Trahison, regrets, mouches et démons : analyse philologico-historique de la catabase de Dumuzi dans l’épopée sumérienne La descente d'Innana aux Enfers
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Auteur / Autrice : Bénédicte Cuperly
Direction : Bertrand LafontAnnette Zgoll
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 23/02/2021
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Georg-August-Universität (Göttingen, Allemagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Georg-August-Universität (Göttingen, Allemagne)
Laboratoire : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Piotr Steinkeller
Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Lafont, Annette Zgoll, Dina Katz, Christian Zgoll
Rapporteurs / Rapporteuses : Uri Gabbay

Résumé

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La Descente d’Innana aux Enfers, connue aussi sous le nom d’Angalta, son incipit, est une épopée en langue sumérienne d’environ 400 vers, qui raconte la catabase volontaire de la déesse Innana dans le monde des morts suivie de celle, subie, de son parèdre Dumuzi. Cette œuvre, abondamment commentée depuis sa redécouverte au début du XXe siècle, a fait l’objet de plusieurs malentendus au fil des ans. Innana, déesse majeure de la Mésopotamie du début du IIe millénaire av. notre ère, se conduit en effet dans Angalta d’une manière que d’aucuns ont qualifié d’erratique, livrant son époux aux démons infernaux avant de se mettre à lamenter sa mort en veuve éplorée. L’objectif de cette étude est double, philologique et historique. Il s’agit en premier lieu de fournir à la communauté scientifique une nouvelle édition complète en bonne et due forme de ce texte central de la littérature sumérienne de l’époque paléo-babylonienne (2004-1595 av. J.-C.) qu’est la Descente d’Innana. L’établissement du texte repose sur de nombreuses collations effectuées sur la cinquantaine de manuscrits, tablettes et fragments, qui constituent le corpus. Une partition assortie d’une abondante critique textuelle et de tableaux synoptiques permet de rendre justice aux variantes, tandis que la traduction, agrémentée d’analyses grammaticales et de commentaires philologiques, invite à prendre du recul et à considérer l’œuvre dans son unité. Cette étude aspire également à redonner à Angalta sa dimension d’artefact historique, représentant un moment de l’histoire de la pensée religieuse mésopotamienne, ou du moins d’une partie de celle-ci. Elle s’inscrit à ce titre dans le cadre des travaux du groupe de recherche pluridisciplinaire STRATA, accueilli au sein de l’université de Göttingen. STRATA est un projet dédié à l’étude des mythes et des différentes formes qu’ils peuvent revêtir. L’équipe utilise une nouvelle approche théorique et méthodologique des mythes, conçus comme matériaux narratifs, développée par C. Zgoll. Cette méthode a porté ses fruits puisqu’elle a non seulement permis d’identifier et de reconstituer les matériaux narratifs concrétisés dans Angalta, mais également de comprendre la manière dont ils ont été intégrés dans ce mythe, et les conséquences de cette combinaison. Loin d’être une satire d’une déesse lunatique, la Descente d’Innana aux Enfers célèbre l’héroïque déesse, reine du ciel et des enfers, qui a inventé les rites funéraires.