L'extraordinaire de la guerre : le combat rapproché et le corps à corps sur le front de l'ouest pendant la Première Guerre mondiale
Auteur / Autrice : | Dimitri Chavaroche |
Direction : | Alya Aglan, Nicolas Offenstadt |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 30/01/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2002-....) |
Jury : | Président / Présidente : Odile Roynette |
Examinateurs / Examinatrices : Alya Aglan, Nicolas Offenstadt, Éric Fournier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Mariot, Stéfanie Prezioso |
Mots clés
Résumé
Cette thèse examine les corps à corps et les combats rapprochés comme des expériences de guerre exceptionnelles de la Première Guerre mondiale. Alors que les corps à corps - impliquant un contact physique direct entre adversaires - et les combats rapprochés - n’impliquant pas forcément de contact physique, mais se situant dans un périmètre d’action où celui-ci est rapidement possible - ont fait l’objet de bien des interrogations et des fantasmes, cette thèse se fonde sur l’étude de récits de combattants et de comptes rendus d’offensives pour analyser l’écriture et les discours portés par l’institution militaire et par les combattants, afin de mieux comprendre qui sont réellement les acteurs de ces combats et quelles en sont les modalités pratiques. Le processus de retour d’expériences par les comptes rendus d’opération, qui donnait autrefois aux officiers éloignés de l’action une visibilité sur les combats pendant et après la bataille, offre aujourd’hui une source qualitative et quantitative d’une grande richesse pour appréhender les pratiques de combat en 1914-1918. Si ces documents permettaient alors une adaptation progressive de l’organisation de l’armée et de la tactique de la guerre de tranchées, il existait cependant de forts décalages entre les conceptions du haut-commandement et les combats sur le terrain. Le vocabulaire spécifique - « nettoyage », « combat pied à pied » et « corps à corps » - employé dans les sources militaires et dans les témoignages peut produire des illusions de précision sur ces combats : s’il indique un face à face et une violence, il ne dit pourtant rien des modalités de l’affrontement. Les témoignages de combattants offrent une lecture plus circonstanciée : le corps à corps y figure comme un événement extraordinaire, un moment hors du commun traversé par un faisceau de conceptions, de perceptions et de compréhensions complexes. En effet, il y apparait que les combats rapprochés et les corps à corps ne sont pas une expérience de guerre partagée par tous les combattants. D’abord, ces combats se déroulent principalement lors de missions particulières et ponctuelles, comme le nettoyage des tranchées lors des assauts ou lors des missions de coups de main. Seule une minorité d’hommes portent alors directement les coups à l’adversaire. En particulier, il est important de noter que ces affrontements se font à la grenade, prolongeant ainsi la guerre d’artilleries que se livrent les armées. Enfin, les corps à corps sont marginaux, nés de la nécessité imposée par une rencontre non recherchée.