Thèse soutenue

S'engager au temps de la défiance : jeunes et action collective en Tunisie postrévolutionnaire (2013-2018)

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Auteur / Autrice : Aymen Belhadj
Direction : Alia Gana
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 26/02/2021
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (Nanterre ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : France Guérin-Pace
Examinateurs / Examinatrices : Alia Gana, Nilüfer Göle, Gilles Van Hamme, Yolande Benarrosh
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Noël Denieuil, Myriam Catusse

Résumé

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Alors que les changements institutionnels qui ont suivi le départ de Ben Ali ont libéralisé les conditions d’exercice de la citoyenneté en Tunisie, la question de la participation politique des jeunes demeure fortement problématique. En effet, après avoir joué un rôle central lors du moment révolutionnaire de 2010-2011, les jeunes manifestent peu d’enthousiasme pour le nouveau cadre démocratique (abstention électorale, défiance envers les partis politiques et les acteurs étatiques). Bon nombre d’entre eux considèrent qu’ils ont été marginalisés par le processus transitionnel et empruntent des lors la voie de la contestation. Partant de ce constat, cette recherche analyse les logiques d’engagement contestataire des jeunes dans la Tunisie post-Ben Ali et les spécificités des formes d’action et d’organisation collectives qu’ils mettent en œuvre. Basée sur une lecture critique des travaux de sociologie de l’action collective et de la jeunesse, elle étudie de manière comparative trois types de mouvements protestataires portes par diverses catégories de jeunes dans différentes régions (Tunis, Kasserine et Jbeniana). Elle mobilise des données issues d’observations participantes et d’entretiens biographiques réalisés entre 2014 et 2018. Explorant les dynamiques contestataires de la jeunesse comme des espaces d’expérimentation, elle montre que ces dernières sont les lieux d’affirmation de nouvelles identités collectives et de cultures organisationnelles relevant de conceptions idéelles ≪ alternatives ≫ du politique. L’analyse des trajectoires sociologiques des protagonistes de ces mouvements met également au jour le poids des expériences de socialisation vécues au cours des années 2000 dans la construction de leur rapport au politique. Ces expériences constituent la toile de fond de leur engagement postrévolutionnaire. Elles sont à l’origine des savoir-faire qu’’ils mobilisent pour défier les autorités transitionnelles, mais elles constituent également l’un des principaux vecteurs des ruptures revendiquées par rapport à l’activisme des générations précédentes.