"Jusqu'à maintenant, il n'y a pas de révolution" : itinéraire du Mouvement national de libération de l'Azawad dans la guerre du Mali

"There is no revolution so far" : trajectory of the Mouvement national de libération de l'Azawad in the war in Mali

• Auteur / Autrice : Denia Chebli
• Direction : Johanna Siméant-Germanos
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Science politique
• Date : Soutenance le 10/12/2021
• Etablissement(s) : Paris 1
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....)
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....)
• Jury : Président / Présidente : Gilles Dorronsoro
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Pierre Boilley, Koen Vlassenroot
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Lefranc, Gregory Mann

Mots clés

Mots clés contrôlés

Guerre du Mali (2012-....)

2000-....

Mali

Mouvements séparatistes

Mots clés libres

Guerre au Mali

MNLA

Fragmentation

Interventions internationales

Mobilisation

Conversion

Organisation des mouvements armés

Mémoire familiale

War in Mali

MNLA

Fragmentation

International interventions

Mobilization

Conversion

Organization of armed movements

Family memory

Résumé

En 2012, le MNLA déclenche la guerre au Mali au nom de l’indépendance de l’Azawad. En 2021, alors qu’un accord de paix a été signé et que de nombreuses forces armées internationales sont présentes sur le terrain, l’OCDE comptabilise plus de 81 groupes armés actifs sur le territoire. Le conflit armé est ainsi régulièrement décrit comme une impasse qui tiendrait notamment au comportement des belligérants qui s’allieraient et se diviseraient de manière inexplicable. Comment des individus et des groupes qui prennent des risques en s’engageant dans une guerre peuvent-ils apparaître si versatiles dans la durée ? À rebours des paradigmes économistes et culturalistes récurrents qui alimentent la vision d’un conflit illisible, cette thèse propose une sociologie des affiliations et des scissions, attentive au vécu des acteurs et aux différentes contraintes dans lesquelles ils sont pris. En retraçant l’itinéraire du MNLA, de la mobilisation à sa fragmentation, ce travail analyse l’intrication des registres individuels, collectifs, politiques et émotionnels, ainsi que la façon dont les déterminations internationales pèsent sur les modalités de la contestation politique. La thèse reconstitue ainsi l’univers des possibles des individus dans la guerre en prenant en considération à la fois les effets de l’ancrage social des mouvements et la manière dont les organisations internationales impliquées dans la gestion du conflit créent des incitations à la fragmentation. La démonstration s’appuie sur une enquête de terrain de dix mois conduite entre 2012 et 2018 au Mali, en Mauritanie, au Niger, en Algérie et au Maroc.

In 2012, the MNLA launched a war in Mali in the name of independence for Azawad. In 2021, although a peace agreement has been signed and many international armed forces have maintained on-the-ground presence, the OECD counts more than 81 active armed groups on the territory. The armed conflict is therefore regularly described as a quagmire, in large part because of how the belligerents act, as they form alliances and separate in a seemingly inexplicable manner. How can individuals and groups who take risks by engaging in a war appear to be so volatile over time? In contrast to the common economic and cultural paradigms that fuel the idea of an unreadable conflict, this dissertation proposes a sociology of affiliations and splits, showcasing the actors’ experiences and the various constraints that shape them. By retracing the trajectory followed by the MNLA, from its mobilization to its fragmentation, this work analyzes the intertwining of individual, collective, political and emotional realities, as well as the way in which international factors influence the modalities of political dispute. The dissertation uncovers the realm of options available to individuals in war by focusing both on the effects caused by the integration of movements within the fabric of society, and on the way in which international organizations involved in the management of the conflict motivate fragmentation. The dissertation is based on ten months of fieldwork conducted between 2012 and 2018 in Mali, Mauritania, Niger, Algeria, and Morocco.