Analyse des déterminants socioéconomiques et psychosociaux de la décision d'adoption d'innovations par les agriculteurs : Cas de l'irrigation de complément au Burkina Faso
Auteur / Autrice : | Rahim Ouedraogo |
Direction : | Marielle Montginoul, Bruno Barbier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 09/12/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier, SupAgro |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : UMR G-eau (Gestion de l'eau, acteurs et usages, Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Arnaud Reynaud |
Examinateurs / Examinatrices : Marielle Montginoul, Bruno Barbier, Arnaud Reynaud, Laure Latruffe, Noël Thiombiano, Tristan Le Cotty, Patrick Dugué | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laure Latruffe, Noël Thiombiano |
Mots clés
Résumé
En Afrique subsaharienne, l'adoption des innovations agricoles demeure faible, ce que beaucoup considère comme la principale cause de la faible productivité agricole, de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. L'agriculture africaine est fragilisée par la grande variabilité pluviométrique et par la progressive dégradation des sols. Les freins à cette adoption ont fait l'objet de nombreuses investigations mais les facteurs habituellement avancés, de nature socioéconomique, comme l'éducation ou l'accès au crédit, expliquent souvent mal les différences d'adoption. Plusieurs observateurs soupçonnent que le contexte culturel et les facteurs psychosociaux contribuent à expliquer cette situation. La présente étude vise à améliorer cette compréhension du comportement des agriculteurs face aux innovations, en déterminant l'impact de ces facteurs dans la décision des agriculteurs. Pour ce faire, cette étude s'est intéressée à une innovation considérée prometteuse, au centre des initiatives agricoles dans certains pays sahéliens, particulièrement au Burkina Faso : l'irrigation de complément à partir des bassins de collecte des eaux de ruissellement des pluies (BCER). Elle vise à sécuriser les cultures face aux déficits hydriques lors des séquences de sécheresse en saison pluvieuse.Les enquêtes de terrain ont été réalisées en deux étapes. La première a consisté à rencontrer trois types d'acteurs : 2 tenants des us et coutumes ; 16 acteurs institutionnels et 33 agriculteurs qui ont finalisé le creusement de leur bassin. Cette première enquête semi-structurée a permis d'élaborer le questionnaire de la seconde, qui, celle-ci quantitative, a été conduite auprès de 315 agriculteurs, dont 128 adoptants. Les données collectées ont été analysées à travers une approche hybride, inspirée de l'économie, la psychologie et la sociologie. Ces données ont permis de caractériser la représentation sociale de l'innovation pour l'ensemble des acteurs et d'identifier les principaux facteurs pouvant influencer la décision des agriculteurs.Les résultats ont d'abord montré que les agriculteurs ont en général une intention plutôt favorable à l'adoption de cette innovation. Les acteurs institutionnels contribuent à renforcer cette intention, en agissant sur les normes sociales et les comportements contrôlés des agriculteurs. Toutefois, contrairement aux attentes des acteurs institutionnels qui visent la sécurité alimentaire, donc plutôt la production de céréales, les agriculteurs adoptent l'innovation du fait de leurs préférences pour des cultures de rente, telles que les légumes. Les résultats indiquent également que les facteurs psychosociaux ont une grande influence sur la décision des agriculteurs. Par exemple, la peur de perdre du prestige social en cas d'échec, contribue à limiter le passage d'une intention favorable à l'adoption à une réelle adoption.