Thèse soutenue

Evaluation en laboratoire du parasitoïde Gryon gonikopalense (Hym ˸ Scelionidae) pour le contrôle biologique de Bagrada hilaris (Hem ˸ Pentatomidae), une punaise invasive aux Etats-Unis

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Auteur / Autrice : Guillaume Martel
Direction : Serge KreiterRené Sforza
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie des Communautés
Date : Soutenance le 18/06/2021
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Biologie pour la Gestion des Populations - UMR CBGP (Montpellier)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Serge Kreiter, René Sforza, Xavier Fauvergue, Tim Haye, Anne-Nathalie Volkoff, Bruno Jaloux
Rapporteur / Rapporteuse : Xavier Fauvergue, Tim Haye

Résumé

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Dans un contexte de mondialisation et de changement climatique, de plus en plus d'insectes deviennent invasifs et affectent notamment l'agriculture à l'échelle mondiale. Au cœur de ce réseau d'invasions, les Etats-Unis subissent l'arrivée de nombreuses espèces provenant principalement d'Asie. Parmi elles, les punaises pentatomidés menacent la plupart des agrosystèmes américains et sont aujourd'hui principalement régulées par les pesticides de synthèse. Bagrada hilaris (bagrada), originaire d'Asie et d'Afrique, est la plus récente à avoir colonisé les Etats-Unis où elle sévit depuis 2008 dans les cultures de chou et de brocoli (Brassicaceae). Pour répondre aux besoins des agriculteurs, l'USDA-ARS a financé un programme de lutte biologique classique visant à sélectionner et introduire en Californie un ou plusieurs ennemis naturels de bagrada depuis son aire d'origine. Les travaux inclus dans cette thèse sont une partie de ce programme. Ils ont cherché à évaluer en serre de quarantaine si le parasitoïde oophage Gryon gonikopalense (Scelionidae), originaire du Pakistan, pourrait s'établir en Californie et contrôler efficacement bagrada. Quatre principaux objectifs ont ainsi été définis : 1) décrire la biologie générale de G. gonikopalense ; 2) décrire son comportement de recherche d'hôte ; 3) examiner la possibilité de le produire en masse et 4) évaluer sa spécificité vis-à-vis de bagrada avec des punaises euro-méditerranéennes. L'objectif 1 a permis de montrer que la physiologie de G. gonikopalense était similaire à celle de nombreux autres scelionidés : en fonction de la température, il complète son développement en 7 à 25 jours, peut vivre entre 30 et 150 jours et parasiter une centaine d'œufs au cours de sa vie. Il partage avec bagrada un optimum thermique entre 25 et 35 °C qui pourrait lui permettre de s'établir en Californie. En plus d'être un parasite efficace de bagrada, l'atout de G. gonikopalense réside particulièrement dans son comportement de recherche des œufs de son hôte qui sont enterrés dans le sol dans 90% des cas. Nous avons découvert que G. gonikopalense était capable de creuser le sol pour parasiter les œufs. En outre, nous avons montré dans un système tri-trophique que le parasitoïde attaquait principalement les pontes enterrées de bagrada, tout en étant capable d'atteindre les œufs déposés sur la plante hôte (env. 10%). Pour le 3ème objectif, nous avons montré que le stockage des œufs de bagrada à 5°C sur trois semaines permettait d'optimiser l'élevage du parasitoïde et faciliter une production de masse. Concernant l'objectif 4, toujours en cours, il en résulte que les sur 11 pentatomidés testées, au moins 4 ont été parasitées, dont deux essentiellement localisées autour du bassin méditerranéen. Ces résultats complémentent les tests menés en Californie et permettent de discuter proactivement de l'introduction de G. gonikopalense dans les populations méditerranéennes invasives de bagrada. Finalement, nous avons décrit au cours de cette thèse plusieurs aspects, jusqu'alors inconnus, de la biologie de G. gonikopalense. Sa spécialisation comportementale envers bagrada en fait notamment un candidat de premier choix pour le programme de lutte biologique Une pétition rédigée sur la base de ces connaissances remise aux autorités sanitaires des Etats-Unis restent un objectif à court terme. Ceux-ci évalueront alors les risques et les bénéfices liés à l'utilisation de G. gonikopalense pour contrôler bagrada en Californie.