Thèse soutenue

Rôle des expositions agricoles, en particulier de certains pesticides, sur la survenue de lymphomes non hodgkiniens par sous-types

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Auteur / Autrice : Amandine Busson
Direction : Pierre Lebailly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherche clinique, innovation technologique, sante publique
Date : Soutenance le 21/05/2021
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de recherche interdisciplinaire pour la prévention et le traitement des cancers (Caen ; 2017-....)
établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Marc Maynadié
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Lebailly, Barbara Charbotel, Pierre Soubeyran, Catherine Nisse
Rapporteurs / Rapporteuses : Barbara Charbotel, Pierre Soubeyran

Mots clés

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Résumé

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Les hémopathies malignes lymphoïdes (HML) sont un groupe hétérogène de pathologies cancéreuses aux profils épidémiologiques très différents. Depuis les années 1980, la littérature épidémiologique suggère un excès de risque de lymphomes non-hodgkiniens et de myélomes multiples (MM) chez les agriculteurs notamment en lien avec l’utilisation de pesticides. Les circonstances d’expositions (élevages, cultures) et le rôle de certaines familles chimiques restent pourtant peu explorés. A partir de 155 192 individus de la cohorte AGRICAN, les effets des expositions agricoles (secteurs (5 élevages, 13 cultures) et tâches (2 à 5)) avec prise en compte des intensités et durées d’exposition, ont été étudiés sur la survenue d’HML globalement et pour 4 sous-types (MM, Leucémies Lymphoïdes Chroniques et Lymphomes à petits lymphocytes (LLC-LPL), Lymphomes Diffus à grandes cellules B (LDGCB), Lymphomes plasmocytaires et Macroglobulinémie de Waldenström (LP/MW)). L’utilisation de la matrice cultures-exposition PESTIMAT a permis de reconstituer les expositions à 5 familles chimiques (65 molécules). Les effets d’une utilisation des 5 fongicides benzimidazoles (FB) et des 11 herbicides chloro-acétamides (HC) ont été analysés pour les 3 principaux sous-types (MM, LLC-LPL, LDGCB). Des modèles de COX utilisant l’âge comme échelle de temps ont été utilisés. Entre l’inclusion et fin 2015, 1349 cas incidents d’HML ont été identifiés. Comparativement à la population générale des départements inclus à la cohorte, l’incidence des HML, hors Lymphomes de Hodgkin, était sensiblement plus élevée chez les hommes (RSIHML= 1,09 IC95% :1,02-1,16 1 004 cas) et chez les femmes (RSIHML= 1,07 IC95% :0,99-1,16 597 cas). Une sur-incidence de MM, et de LP/MW avaient tout particulièrement étaient observées (chez les hommes : RSIMM=1,20 IC95%=1,05-1,37, n=227 cas ; RSILP/MW=1,49, IC95%=1,22-1,80, n=107 cas ; chez les femmes : RSIMM= 1,21, IC95% :1,03-1,42, n=156 cas ; RSILP/MW=1,58, IC95%=1,17-2,10, n=48 cas). Nos analyses soutiennent un rôle de l'utilisation des pesticides variable selon les sous-types et les secteurs agricoles (élevages et cultures). Des élévations de risques de HML ont été associées à 6 cultures (prairie : LP/WM ; blé / orge : HML, LLC-LPL, LP/WM ; maïs : HML, LLC-LPL, LP/WM ; vigne : HML, LLC-LPL ; pommes de terre : MM ; tournesol : HML, LLC-LPL), et à 1 élevage (bovins : HML, LP/MW). Plus spécifiquement, l’utilisation de molécules benzimidazoles et chloro-acétamides sur cultures, était associée à des élévations de risques sur 4 cultures : blé / orge (FB), maïs (FB, HC), vigne (FB, HC), et pois / féveroles (FB). L’utilisation de 4 FB (bénomyl, carbendazime, thiabendazole et thiophanate-méthyl) et de 2 HC (alachlore, métolachlore) sur blé-orge avaient notamment été associées à des élévations de risques de HML, notamment de LLC-LPL. Un abaissement du risque de HML, notamment de LP/MW, avait enfin et également été observé chez les éleveurs de volailles. D’autres circonstances d’expositions aux pesticides (traitements de semences, antiparasitaires sur animaux) et d’autres expositions (soins des animaux, désinfection des locaux d’élevage et du matériel de traite, semis) ont également été associées à la survenue d’HML globalement ou pour des sous types particuliers. Contribuant aux renforcements des connaissances étiologiques épidémiologiques relatives à la survenue de HML, diverses pistes de recherches ont émergé de ce travail, appuyant la nécessité de poursuivre les investigations engagées notamment en élargissant aux expositions indirectes aux pesticides et à d’autres familles de pesticides.