Thèse soutenue

Prévention de la transmission mère-enfant du virus de l’hépatite B au Burkina Faso : état des lieux et nouvelles stratégies
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Auteur / Autrice : Nanelin Guingane
Direction : Édouard TuaillonPhilippe Van De Perre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie Santé
Date : Soutenance le 14/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pathogenèse et contrôle des infections chroniques (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Éric Jeziorski
Examinateurs / Examinatrices : Édouard Tuaillon, Philippe Van De Perre, Éric Jeziorski, Françoise Lunel-Fabiani, Mounerou Salou, Sylvie Boyer Van Ausloos, Maud Lemoine
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Lunel-Fabiani, Mounerou Salou

Résumé

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La stratégie mondiale de l’OMS pour lutter contre l’hépatite, approuvée par tous les États Membres de l’OMS, vise à réduire les nouvelles infections par le virus de l’hépatite de 90% et les décès de 65% entre 2016 et 2030. La réalisation de cet objectif passe en particulier par le dépistage de personnes exposées au VHB et par l’élimination de la transmission de l’hépatite B ‎de la mère à l’enfant. L’OMS recommande ainsi de séro-vacciner les nouveau-nés dans les 24 premières heures de vie et de traiter les femmes enceintes à risque de transmission de la mère à l’enfant (TME) (charge virale > 200 000 UI/ml) par du ténofovir disoproxyl fumarate pour éviter la transmission périnatale du VHB. Le but de ce travail était: i) d’évaluer la prévention de la transmission du virus de l’hépatite B de la mère à l’enfant (PTME) telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée à Ouagadougou; ii) de proposer des pistes d’amélioration en tenant compte des possibilités médico-économiques et des réalités socio culturelles, iii) d’évaluer une stratégie de dépistage familial du VHB à partir de l’identification des femmes enceintes infectées par le VHB. Ce travail de thèse s’est déroulé en trois phases.La première étude consistait en une analyse de la cascade de soins de l’hépatite B à partir du dépistage lors de la consultation prénatale dans les formations sanitaires périphériques à Ouagadougou jusqu’au traitement des femmes à risque de TME et la vaccination à la naissance des nouveau-nés. Après mise en place de l’intervention, sur 5200 femmes enceintes consultant pour la visite prénatale, 2261 (43,5%) se sont vues proposer un counseling pré-test et un dépistage de l’Ag HBs et 2220 (98,2%) ont accepté le dépistage. Parmi les 1580 (71,2%) femmes qui sont revenues pour le counseling post-test, 75 étaient positives pour l’Ag HBs (4,8%). Soixante-treize (97,3% des femmes ayant fourni le résultat de l'Ag HBs) ont consenti à une consultation médicale avec des hépato-gastro-entérologues et 53 (72,6%) ont effectué le test ADN du VHB. Quarante-sept sur 60 (78,3 % ; 65,8-87,9) enfants ont été vaccinés contre le VHB dans les 24 heures suivant la naissance. La rétention dans les soins était notamment associée au niveau d'éducation du père de l'enfant.La deuxième étude évaluait une stratégie de dépistage familial du virus de l'hépatite B dans les foyers où une femme avait été identifiée comme porteuse de l’AgHBs durant la consultation prénatale. Ce travail nous a permis d’évaluer les freins et leviers à la réalisation du dépistage familial à partir d’un cas index.Résultats: au total, 1000 femmes enceintes, porteuses de l'AgHBs, ont accepté de participer à cette étude. Sur 2 281 conjoints et enfants éligibles au dépistage familial, 651 (28,5%) ont été testés pour l'AgHBs, dont 436/1000 (43,6%) conjoints et 215 /1281 (16,8%) enfants. L'Ag HBs a été détecté chez 55 (12,6 %) conjoints (âge médian [IQR] : 33 ans [29-38]) et 24 enfants (11,2 %) (âge médian [IQR] : 7 ans [4 -12]). Le portage de l'AgHBs était plus élevé chez les enfants nés avant l'introduction de la vaccination universelle contre l'hépatite B au Burkina Faso en 2006 (4,4 [1,47-13,15] ; p=0,008), chez les enfants dont les mères étaient porteuses de l'antigène HBe (AgHBe) (11,47 [4,41-29,81] ; p = 0,0001) ou avaient un taux d'ADN du VHB ≥ 200 000 UI/mL (14,04 [4,89-40,28] ; p = 0,001). La PTME constitue une stratégie majeure et indispensable à l’atteinte de l’objectif de l’OMS qui est d’éliminer les hépatites virales comme menace de santé publique d’ici 2030. Plusieurs méthodes complémentaires de PTME existent et il faut les choisir en fonction des réalités socio-économiques de notre pays.