Thèse soutenue

Préférences sociales, apparentement et comportement de coopération chez un oiseau colonial à reproduction coopérative : le Républicain social

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Auteur / Autrice : André Marques Condeco Ferreira
Direction : Claire Doutrelant
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'évolution et de la Biodiversité
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Elise Huchard
Examinateurs / Examinatrices : Claire Doutrelant, Elise Huchard, Wiebke Schuett, Andrew F. Russell, Rita Covas, Ben C. Sheldon
Rapporteurs / Rapporteuses : Wiebke Schuett, Andrew F. Russell

Résumé

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La coopération est très répandue, étant présente à tous les niveaux de l'organisation biologique. À première vue, la coopération pose un problème évolutif, car les individus les plus compétitifs et égoïstes pourraient mieux survivre et se reproduire. La théorie de la sélection de parentèle apporte une solution à ce paradoxe apparent. Cette théorie prédit qu'un gène de coopération sera sélectionné si les bénéfices indirects sont supérieurs au coût. Les espèces à reproduction coopérative, dans lesquelles des individus sexuellement matures retardent leur reproduction afin d'aider les autres à se reproduire, constituent des modèles appropriés pour étudier le rôle des avantages directs et indirects dans l’évolution et le maintien de la coopération. Les aidants nommés par la suite « helpers », pourraient, par exemple, obtenir des avantages indirects en assistant leurs proches tout en obtenant des avantages directs en augmentant la quantité et/ou la qualité de leurs liens sociaux, liens qui accroitraient leur survie et reproduction. Si les individus peuvent choisir et bénéficier de l’interaction avec des individus plus coopératifs alors la coopération pourrait en partie sélectionnée socialement. A ce jour cette hypothèse a été relativement peu étudiée en partie, du fait de difficultés de suivi précis des interactions entre individus en population naturelle, mais aussi de l'incertitude entourant la fiabilité et répétabilité de la coopération. Dans cette thèse, j’ai travaillé sur le républicain social, Philetairus socius, pour étudier le potentiel rôle des affiliations familiales et sociales dans le maintien de la coopération, l’hypothèse étant que les bénéfices sociaux de la coopération pourraient participer à son évolution. Les républicains sociaux vivent dans des colonies où cohabitent des individus apparentés et non apparentés, mais les helpers sont généralement apparentés aux jeunes qu'ils nourrissent. J’ai commencé par mettre aux points une méthode permettant un meilleur suivi des oiseaux sauvages, cette méthode basée sur l'intelligence artificielle identifie individuellement des oiseaux à partir de photos prises dans la nature (chapitre 1). J'ai ensuite proposé une approche permettant de décider quelles structures et mesures sont à mettre en place pour mesurer le réseau social d’une espèce jamais encore étudiée (chapitre 2). J'ai par ailleurs combiné de données sur le taux de nourrissage et sur la personnalité mesurée en captivité pour étudier si la propension à aider est un attribut individuel répétable faisant partie d’un syndrome comportemental (chapitre 3). J'ai également cherché à déterminer qui de l’apparentement, des interactions agressives (Chapitre 4) ou des affiliations sociales expliquent le mieux l’investissement des helpers, c’est-à-dire leur taux de nourrissage (Chapitre 5). Enfin, j'ai examiné si l'investissement dans la coopération influence à son tour les liens sociaux des helpers et des reproducteurs après la reproduction (Chapitre 5). Nos résultats suggèrent que les individus sont répétables dans leur comportement d'aide, mais seulement à court terme. Nos résultats montrent par ailleurs que l’investissement dans la coopération pourrait être déterminé par les associations sociales, les interactions agressives, ainsi que par l’apparentement. En outre, ils suggèrent que les couples reproducteurs ont tendance à avoir des liens sociaux plus forts avec leurs helpers qu’avec e les autres individus apparentés de la colonie qui ne les aident pas. Enfin, j'ai trouvé une corrélation positive entre l'investissement d'aide et les associations sociales entre les reproducteurs et leurs helpers après la reproduction. L’ensemble de ces résultats suggèrent que la coopération chez cette espèce peut être liée à la structure sociale de la population qui conduit à une aide basée sur la parenté mais aussi et que les bénéfices directs et indirects pourraient être cruciaux dans le maintien de la coopération dans ce système.