Thèse soutenue

Biologie, écologie et évolution du cancer transmissible MtrBTN2 des moules Mytilus sp

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Auteur / Autrice : Maurine Hammel
Direction : Guillaume CharrièreNicolas Bierne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Evolution des systèmes infectieux
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements (Perpignan)
Jury : Président / Présidente : Christine Chevillon
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Charrière, Nicolas Bierne, Christine Chevillon, Christine Coustau, Pierre Boudry, Natacha Kremer
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Coustau, Pierre Boudry

Résumé

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Les cancers transmissibles sont des lignées cellulaires malignes qui ont évoluées la capacité de coloniser de nouveaux individus par transmission des cellules cancéreuses elles-mêmes. Considérés comme rares chez les vertébrés, avec seulement une lignée décrite chez le chien et deux chez le diable de Tasmanie, les découvertes depuis 2015 de cinq lignées dans plusieurs espèces de bivalves marins ont remis en question leur rareté dans ce groupe. Ces nouvelles formes parasitaires, qui ne ressemblent à aucune autre entité biologique, posent de nombreuses questions. Chez les bivalves, hormis la description des différentes lignées, peu de données étaient disponibles sur leur biologie, leur écologie et leur évolution. Ma thèse se focalise sur l’étude des cancers transmissibles des moules du genre Mytilus. En combinant plusieurs approches d’écologie, de biologie évolutive et de biologie fonctionnelle, mes travaux ont permis de décrire la distribution et la prévalence de ce cancer dans les populations de moules d’Europe, d’étudier l’histoire évolutive de ces lignées de cancer transmissible, ainsi que d’étudier les réponses des hôtes face à l’invasion par des cellules cancéreuses. Ainsi, nous avons pu montrer (1) que les populations des deux espèces de moules européennes M. edulis et M. galloprovincialis sont touchées par une même et unique lignée de cancer transmissible (MtrBTN2) qui a émergé initialement dans un hôte M. trossulus, qui est également retrouvée chez M. chilensis au Chili et chez M. trossulus en Mer du Japon, et qui est différente de la première lignée décrite initialement dans les populations M. trossulus de Colombie Britannique (MtrBTN1), (2) que la prévalence est globalement faible mais varie selon le fond génétique des hôtes et l’habitat, (3) que le trafic maritime semble créer des passerelles épidémiologiques entre les ports expliquant une plus forte prévalence dans ces habitats anthropisés, (4) que malgré une évolution clonale le MtrBTN2 est polymorphe ce qui suggère une histoire évolutive complexe et possiblement ancienne qui a mené à l’évolution d’au moins deux sous-lignées en Europe, (5) que la dynamique d’invasion intra-hôte par le cancer semble dépendre de l’individu receveur et de l’individu donneur dans le cadre d’infections expérimentales et (6) que cette invasion semble induire chez les individus receveurs une réponse immunitaire majoritairement humorale et un remodelage tissulaire associé à une réponse inflammatoire prolongée. Ces différents résultats permettent aujourd’hui de mieux comprendre la dynamique de ce système hôte-cancer si particulier et ouvrent de nombreuses perspectives. En plus d’être des entités biologiques uniques et intrigantes qui permettent d’étudier le cancer sous un angle évolutif original, les cancers transmissibles sont des modèles biologiques de prédilection pour de nombreuses questions fondamentales de la biologie.