Mécanismes de coexistence de deux espèces sympatriques d'otaries, Arctocephalus australis et Otaria byronia, à Punta San Juan, au Pérou
Auteur / Autrice : | Susana Cardenas Alayza |
Direction : | Yann Tremblay, Dimitri Gutiérrez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie fonctionnelle |
Date : | Soutenance le 21/12/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier en cotutelle avec Universidad Peruana Cayetano Heredia |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité Mixte de Recherche CNRS-IFREMER-IRD-UM 9190 MARBEC Marine Biodiversity, Exploitation and Conservation Université de Montpellier |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Yves Georges |
Examinateurs / Examinatrices : Yann Tremblay, Dimitri Gutiérrez, Jean-Yves Georges, Carey Elizabeth Kuhn, Arnaud Bertrand, Patricia Majluf, Carlos Zavalaga | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Yves Georges, Carey Elizabeth Kuhn |
Mots clés
Résumé
Comprendre comment des espèces sympatriques ayant des besoins similaires coexistent est une question majeure en écologie. Une communauté où le partage des ressources ou le chevauchement des niches est plus important accueillera plus d'espèces qu'une autre où il l'est moins. À cet égard, le principe d'exclusion compétitive prédit que les espèces doivent avoir des mécanismes de ségrégation pour coexister. Dans le système du courant de Humboldt (HCS) au Pérou, les lions de mer sud-américains (SASL, Otaria byronia) coexistent avec les otaries à fourrure sud-américaines (SAFS, Arctocephalus australis). Cependant, le partitionnement trophique, temporel et spatial lors de la recherche alimentaire reste largement inconnu. Cette étude se déroule dans la réserve nationale de Punta San Juan (PSJ) (15° 22'S, 75° 12'W) au Pérou, où se trouvent d'importantes colonies de reproduction des deux espèces d'otariidés, ce qui en fait un cadre idéal pour étudier les mécanismes de coexistence. L'objectif principal de cette thèse est décrire et de comparer les niches écologiques des espèces d'otariidés sympatriques au Pérou. Ceci sera abordé à travers trois objectifs spécifiques qui incluent décrire et de comparer (i) l'écologie trophique des pinnipèdes sympatriques; (ii) les variables environnementales qui caractérisent les niches écologiques et (iii) les stratégies de recherche de nourriture (dimensions spatiales et temporelles) au sein des niches écologiques des pinnipèdes sympatriques ; selon l'espèce et le sexe. Dans le Chapitre 1, l'analyse des trajectoires de la population montre comment sur une période de 20 ans, les deux populations de pinnipèdes sont maintenant en déclin. Une diminution des juvéniles dans la colonie, suggère que la limitation des ressources est le principal facteur contribuant au déclin actuel des populations. Dans le Chapitre 2, la ségrégation alimentaire interspécifique a été détectée, grâce à l'analyse des parties dures dans les fécès. Les SAFS se nourrissent principalement d'anchois du Pérou (Engraulis ringens) et de céphalopodes tandis que les SASL consomment surtout des galathées (Pleuroncodes monodon) et des anchois du Pérou, en plus petites proportions. Au cours de cette période d'étude, un chevauchement trophique a été détecté pendant un événement El Niño extraordinaire, ce qui suggère que les changements climatiques peuvent exacerber la compétition. Dans le Chapitre 3, nous avons analysé les localisations de 35 otariidés (18 SASL, 17 SAFS) équipés de balises satellites pour déterminer les stratégies de recherche de nourriture. Les mâles se séparent dans l'espace et dans le temps; tandis que les femelles présentent un chevauchement spatial mais disposent de mécanismes de ségrégation temporelle. Les variables environnementales associées suggèrent des caractéristiques d'habitat pélagique et côtier chez les otaries à fourrure et les lions de mer femelles, respectivement. Par contre, les mâles présentent une plus grande variabilité interindividuelle qui devrait être exploré davantage. Quoi qu'il en soit, les résultats démontrent que les stratégies de recherche de nourriture multiples à différentes échelles contribuent à la répartition des ressources. Au Chapitre 4, la différenciation de niche à long terme a été étudiée en examinant les signatures isotopiques archivées en série dans les vibrisses SAFS et SASL. Les otariidés ont étendu la largeur de leur niche (à l'exception des femelles SASL) en réponse à l'augmentation du niveau moyen de la mer et au réchauffement des températures de surface de la mer. Le déclin général des signaux δ15N suggère un appauvrissement de la base du réseau alimentaire, avec des effets bottom-up qui ont impacté les consommateurs tertiaires. L'ensemble des résultats aident à expliquer la diminution actuelle et aide à comprendre la réponse des prédateurs supérieurs aux changements de l'environnement marin.