Thèse soutenue

Etude théorique des réponses évolutives au changement climatique : effets de l’homogamie et des fluctuations de l’intensité de la sélection

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Auteur / Autrice : Claire Godineau
Direction : Ophélie RonceMatthieu Alfaro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'évolution et de la Biodiversité
Date : Soutenance le 25/11/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Patrice David
Examinateurs / Examinatrices : Ophélie Ronce, Matthieu Alfaro, Patrice David, Michael Kopp, John Pannell, Céline Devaux, Anne Duputié
Rapporteurs / Rapporteuses : Michael Kopp, John Pannell

Résumé

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Les précédentes études théoriques de l’adaptation de populations à un changement environnemental ont identifié la variance génétique comme un élément clef. Le changement climatique contemporain a ravivé l’intérêt de ces études qui tentent maintenant d’intégrer la complexité du vivant et du changement climatique. Des évolutions rapides des dates de floraison ont été documentées chez plusieurs espèces en lien avec le changement climatique. L’appariement entre des individus qui se ressemblent – homogamie – est fréquent, et obligatoire pour la date de floraison, la sélection naturelle peut être différente sur les fonctions mâles et femelles et l’intensité de la sélection entre années diffère selon la durée des saisons. Ces caractéristiques sont généralement ignorées par la théorie sur l’adaptation à un environnement changeant. Dans un premier chapitre, nous avons évalué si l’homogamie peut être responsable des réponses évolutives rapides des phénologies de floraison au changement climatique. Un modèle individu-centré de génétique quantitative simule un changement climatique et l’évolution des dates moyennes de floraison individuelle dans une population isolée. Dans la plupart des scénarios, malgré ses effets négatifs sur le polymorphisme génétique, l’homogamie maintient plus de variance génétique dans un environnement changeant que la panmixie, et permet ainsi aux populations de mieux suivre le changement climatique et d’avoir une valeur sélective plus grande. Un modèle analytique, basé sur le modèle infinitésimal d’héritabilité des traits, confirme ces résultats. Le deuxième chapitre intègre deux éléments supplémentaires, fréquents dans les populations de plantes et d’animaux : la sélection naturelle sexe-spécifique et le dimorphisme sexuel. Le modèle analytique construit est une extension du précédent, et généralise les résultats en incluant le dimorphisme sexuel, et deux modes courants d’homogamie: la préférence homogame des femelles pour certains phénotypes mâles, et, l’homogamie temporelle pour la date de floraison.. Le modèle montre que (i) l’homogamie produit de la sélection sexuelle qui intensifie l’effet de la sélection naturelle sur les femelles et diminue celui de la sélection naturelle sur les mâles; (ii) en présence d’un fort dimorphisme sexuel, cette sélection sexuelle engendre une sélection directionnelle sur les mâles, et peut conduire à une évolution de valeurs de traits en dehors de l’intervalle défini par les optimums mâles et femelles; (iii) dans certaines conditions, la mal-adaptation des femelles peut être plus petite dans un environnement changeant que constant, en homogamie comme en panmixie ; (iv) l’homogamie facilite l’adaptation des femelles à un climat changeant, seulement si la sélection sur les femelles est plus forte que celle sur les mâles, et/ou le dimorphisme sexuel n’est pas trop fort et/ou le changement climatique est rapide. La robustesse de ces résultats a été testée à l’aide d’un modèle individu-centré. Le troisième chapitre étudie les effets des fluctuations de l’intensité de la sélection sur les réponses génétiques à long terme des populations. Nous avons utilisé des approximations analytiques et une exploration numérique du modèle infinitésimal. Les fluctuations de l’intensité de la sélection sont modélisées par des fluctuations de la largeur de la fonction de sélection supposée Gaussienne. Ces fluctuations augmentent l’intensité moyenne de la sélection, et diminuent la variance génétique et le retard adaptatif des populations. Les fluctuations ont un coût démographique et diminuent le taux de croissance à long-terme des populations dans la plupart des scénarios. L’ensemble de ces résultats suggère que (i) l’homogamie ne facilite les réponses évolutives au changement climatique que dans certaines conditions seulement, (ii) des réponses évolutives rapides ne sont pas nécessairement un gage d’atténuation des conséquences démographiques du changement climatique.