Thèse soutenue

''Tout est lié'' : réponses complexes de la biodiversité aux changements globaux et déterminants socio-économiques

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Auteur / Autrice : Stanislas Rigal
Direction : Vincent Devictor
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie et Biodiversité
Date : Soutenance le 19/11/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Martin
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Devictor, Jean-Louis Martin, Emmanuelle Porcher, Wilfried Thuiller, Isabelle Le Viol, Vasilis Dakos
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuelle Porcher, Wilfried Thuiller

Résumé

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Dans la compréhension de la complexité des bouleversements que connaît actuellement la biodiversité, réside une des clefs pour enrayer son déclin global. Le coeur de ma thèse s'attelle donc à rendre compte de la complexité, à la fois des dynamiques temporelles des espèces et des pressions humaines, des communautés biotiques au travers des interactions qui les composent, et des soubassements socio-économiques de la destruction de la nature. En effet, le déclin de la biodiversité est traduit dans la plupart des études par une approche linéaire qui ne rend pas compte de la diversité des dynamiques possibles, et est approché du point de vue des populations sans prendre en compte, à large échelle, l'interdépendance qui existe entre les espèces. En outre, si les pressions directes sont souvent évaluées, leur dépendance au modèle socio-économique sous-jacent et donc l'effet de ce dernier sur l'état de la biodiversité, reste peu étudiée. En utilisant notamment les données de suivi des oiseaux communs en France et en Europe, je m'intéresse dans une première partie à caractériser la forme générale des trajectoires de populations en rendant compte de leur accélération, décélération et inversion. Puis, je m'attelle à mettre en lumière l'effet principal des grandes pressions anthropiques sur l'avifaune ainsi que leurs impacts plus spécifiques par groupe d'espèces. Cette première partie permet ainsi de traiter du déclin de la biodiversité à l'aune de la dynamique des espèces à travers l'exemple de l'avifaune commune européenne. Dans une deuxième partie, je m'attache à mettre en évidence les modifications de la structure des communautés non plus seulement au plan des espèces, mais en incorporant les liens qui les unissent. Après avoir estimé les associations interspécifiques dans les communautés d'oiseaux en France et mis en évidence le déclin de leur densité, je relie ce dernier aux pressions anthropiques qui affectent déjà les espèces. Cette seconde partie expose donc le déclin de la biodiversité sous l'angle des liens entre espèces en se fondant sur les modifications subies par les communautés d'oiseaux communs en France au cours des deux dernières décennies. Dans une troisième partie, je prends du recul et questionne expressément le rôle du modèle de développement dans le déclin de la biodiversité. Je propose, dans un premier temps, un indicateur combinant l'atteinte de seuils sociaux et le respect des limites planétaires afin de sortir de l'ornière creusée par la recherche de croissance économique à tout prix, avant de m'intéresser dans un second temps au décalage entre les attendus théoriques et les conséquences pratiques du développement durable dans le cas français. Cette troisième partie fait ainsi ressortir les déterminants socio-économiques qui entraînent le déclin de la biodiversité. Dans l'ensemble, les résultats de ce travail de thèse soulignent la nécessité de penser la biologie de la conservation comme une discipline foncièrement spatiale et temporelle, à même de protéger les espèces et leurs interrelations des pressions anthropiques directes, telle l'intensification agricole, si elle sort du cadre imposé par le modèle socio-économique actuel. Plus largement, ils contribuent à faire émerger la question de la possibilité même de renverser le déclin de la biodiversité sans changements profonds, en particulier dans les sociétés occidentales.