Le phénomène de déprédation chez le loup gris (Canis lupus) et ses interactions avec le contrôle létal : le cas de l'arc alpin français
Auteur / Autrice : | Oksana Grente |
Direction : | Olivier Gimenez, Simon Chamaillé-Jammes |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie et biodiversité |
Date : | Soutenance le 16/11/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Devictor |
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Gimenez, Simon Chamaillé-Jammes, Vincent Devictor, Marion Valeix, John D. C. Linnell, Francesca Marucco, Michel Meuret | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marion Valeix, John D. C. Linnell |
Mots clés
Résumé
Après sa disparition de France dans les années 1950, le loup gris (Canis lupus) est revenu et est désormais installé à travers tout l’arc alpin. Ses prédations sur le bétail, appelées déprédations, ont augmenté depuis la recolonisation de cette région. Elles concernent surtout les moutons dans le contexte du pastoralisme. Ce phénomène crée des conflits entre la conservation du loup et les activités pastorales. En plus des indemnisations et des subventions pour les mesures de protection des troupeaux, la France a ajouté un autre outil de gestion de ces conflits, les prélèvements létaux de loups. L’incertitude persiste au sujet de l’efficacité des mesures létales pour réduire la déprédation, que cela soit en France ou ailleurs où elles sont appliquées. Deux hypothèses contradictoires s’opposent. La première soutient que les mesures létales sont efficaces grâce à la réduction de la population et la sélection de loups moins enclins à la déprédation. La deuxième hypothèse soutient que ces mesures sont contreproductives à cause de la déstabilisation des meutes qui engendre une augmentation de la dépendance des loups vis-à-vis du bétail. La raison de cette incertitude est la combinaison d’un faible nombre d’études sur le sujet et d’une faible inférence scientifique, qui conduit à des résultats contradictoires. De plus, la majorité des études s’est concentrée sur la situation nord-américaine. Mon travail consistait à réduire l’incertitude de l’effet des mesures létales sur les déprédations réussies et observées sur les moutons en France. Nous avons adopté deux approches. Premièrement, nous avons choisi une approche de modélisation individu-centrée pour étudier la dynamique complète des mesures létales sur la structure de la population de loups et sur les déprédations. Nous avons intégré des mécanismes biologiques, tels que la dissolution des meutes. Nous avons testé différents scénarios de comportement de déprédation des loups. Notre modèle soutient que les mesures létales modélisées étaient efficaces pour réduire les déprédations par la réduction de la population 1) quand la probabilité de déprédation augmentait pour les loups en meute à cause de besoins énergétiques plus élevés ou 2) quand, en plus, elle augmentait aussi pour les loups adultes et avec la taille de la meute. En revanche, notre modèle ne nous a pas permis de conclure sur les effets des mesures létales quand les probabilités de déprédation diminuaient pour les adultes ou avec la taille de la meute. Deuxièmement, nous avons analysé les effets de la mort de loups sur les niveaux de déprédation en France avec les données de l’administration. Nous avons développé une méthodologie basée sur les calculs par noyaux. Nous concluons que les effets des tirs en France ont été hautement variables selon le contexte d’application. En majorité, une réduction de l’intensité de la déprédation a été constatée suite aux tirs, mais pouvaient aussi être observées une absence d’effet ou bien une augmentation. Enfin, nous avons ajouté une analyse rétrospective de la répartition spatiale des déprédations en France, que l’on a ajustée par les distributions spatio-temporelles des moutons ainsi que par la taille de leurs troupeaux. Nous concluons que les points chauds de prédation ne résultaient probablement pas du seul facteur de la territorialité des loups. Nous observons que la déprédation s’homogénéisait au fil du temps dans l’arc alpin. La méthode nous a permis de repérer les points chauds avec de petits troupeaux ou pâturant peu de temps qui n’auraient pas été détectés avec l’actuelle méthode appliquée par l’administration. Ainsi, ce travail montre que le contexte local lié à l’environnement, au loup et au pastoralisme a besoin d’être considéré pour la gestion des déprédations, car il est peu probable que les tirs de loup aient un effet unique sur les loups et la déprédation dans tous les contextes.