Place de l’offre végétarienne en restauration scolaire pour concilier nutrition et environnement : le cas français
Auteur / Autrice : | Romane Poinsot |
Direction : | Nicole Darmon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences des aliments et nutrition |
Date : | Soutenance le 30/09/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Marchés, organisations, institutions et stratégies d'acteurs - UMR MOISA (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : François Mariotti |
Examinateurs / Examinatrices : Nicole Darmon, François Mariotti, Blandine de Lauzon-Guillain, Valérie Micard, Valérie Deschamps, Gwenola Yannou-Le Bris | |
Rapporteur / Rapporteuse : François Mariotti, Blandine de Lauzon-Guillain |
Mots clés
Résumé
Appliquée à la restauration scolaire, une alimentation durable est une alimentation nutritionnellement adéquate pour les enfants, prenant en compte leurs habitudes et leurs goûts, à un coût abordable et équitable, et respectueuse de l’environnement. Or, une bonne qualité nutritionnelle n’est pas forcément associée à un faible impact sur l’environnement. Pour assurer la bonne qualité nutritionnelle des repas qui y sont proposés, la restauration scolaire est soumise à plusieurs lois et recommandations en France, notamment des règles de fréquence de service des plats à respecter dans une série de vingt repas successifs. Depuis novembre 2019, l’introduction d’au moins un repas végétarien par semaine, soit quatre repas sur vingt, est en cours d’expérimentation dans toutes les cantines françaises. L’objectif de la thèse était d’identifier dans quelle mesure l’offre végétarienne pouvait améliorer la durabilité des repas servis en restauration scolaire en France, en particulier dans ses dimensions nutritionnelles et environnementales. L’étude a porté sur les plats principaux (c’est-à-dire plat protidique et accompagnement) et les repas destinés aux élèves de classe élémentaire. Ce travail a été en parti guidé et enrichi par l’expertise des membres d’EnScol , un collectif de chercheurs et de professionnels de la restauration scolaire créé dans le cadre de la thèse en 2019. Une base de données existante de plats servis en restauration scolaire, dont la composition nutritionnelle avait été précédemment calculée à partir de leurs fiches techniques, a été complétée par les professionnels d’Enscol avec des plats végétariens plus récents. Dans un premier temps, la qualité nutritionnelle des plats principaux a été étudiée et comparée selon qu’ils étaient végétariens ou non-végétariens. Puis, des indicateurs d’impacts environnementaux issus de la récente base Agribalyse de l’ADEME ont été ajoutés à la base de données, et une approche d’optimisation a été mise en œuvre pour générer des séries de vingt repas composés de ces plats et respectant différents scénarios. Les scénarios différaient selon le nombre de composantes (entrée et/ou dessert, plat protidique, accompagnement, produit laitier), le nombre de repas végétariens par série de vingt repas (0, 4, 8, 12 ou 20) et la présence de viande de ruminant. La qualité nutritionnelle et l’impact environnemental des séries de repas ainsi générées ont été analysés. L’étude sur les plats principaux a montré qu’ils présentaient en moyenne de bons profils nutritionnels (SAIN,LIM et Nutri-Score), qu’ils soient végétariens ou non. Néanmoins ni le Nutri-Score, ni le SAIN,LIM ne permettaient de détecter les niveaux insuffisants ou le manque de nutriments protecteurs dans la sous-catégorie des plats végétaliens (sans produits animaux). Il est donc conseillé de rester critique à l'égard de l’utilisation des profils nutritionnels en restauration scolaire dans le but de garantir une nutrition adéquate aux enfants. L’étude sur la génération de séries de repas a souligné la difficulté de réduire l’impact environnemental sans altérer la qualité nutritionnelle. C’est néanmoins possible en combinant plusieurs leviers : augmenter le nombre de repas végétariens de quatre à douze sur vingt, favoriser les viandes hors ruminants et appliquer les règles existantes de fréquences de service de plats à l’exception de celle imposant le service de viande de ruminant au moins quatre fois sur vingt repas diminuerait l’impact environnemental des repas actuellement servis dans les cantines françaises (réduction des EGES de 50%) sans altérer leur qualité nutritionnelle. L’introduction de repas végétariens est nécessaire pour concilier nutrition et environnement en restauration scolaire, sans pour autant exclure la viande et les autres produits animaux. Ce travail de thèse donne des pistes de réflexion pour actualiser les règles de fréquence de service des plats et ainsi contribuer à proposer des repas plus durables aux écoliers.