Auteur / Autrice : | Jules Dezeure |
Direction : | Bernard Godelle, Elise Huchard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'évolution et de la biodiversité |
Date : | Soutenance le 05/03/2021 |
Etablissement(s) : | Montpellier |
Ecole(s) doctorale(s) : | GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences de l'évolution (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Anne Charmantier |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Godelle, Elise Huchard, Anne Charmantier, Jacinta Beehner, Dominique Allainé, Christophe Bonenfant | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacinta Beehner, Dominique Allainé |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La saisonnalité reproductive réfère au regroupement temporel périodique d’événements reproductifs dans le cycle annuel. Elle est souvent adaptative, car synchroniser l'étape la plus coûteuse du cycle reproducteur des femelles avec la meilleure saison peut améliorer la condition et survie des mères et de leurs progénitures. La plupart des études portant sur les déterminants évolutifs de la saisonnalité reproductive ont été menées sur des espèces à rythme de vie rapide des habitats tempérés, et l'on sait relativement peu de choses sur les espèces tropicales longévives. Dans cette thèse, nous avons étudié les déterminants évolutifs et les conséquences en termes de valeur sélective de la saisonnalité reproductive de deux populations de primates sauvages: les babouins chacma à reproduction non-saisonnière (Papio ursinus) de la savane aride et saisonnière namibienne et les mandrills à reproduction saisonnière (Mandrillus sphinx) de la forêt équatoriale gabonaise. En utilisant une combinaison de données de long terme d’histoire de vie, morphologiques, comportementales et climatiques, nous révélons tout d'abord que malgré leurs régimes omnivores et leurs habitats tropicaux, mandrills et babouins sont tous deux soumis à d'importantes variations saisonnières de la disponibilité alimentaire, principalement causées par des fluctuations de précipitations. Par conséquent, nous constatons que faire correspondre le pic de lactation avec le pic alimentaire saisonnier améliore la reproduction future des femelles (accélère le rythme de reproduction maternel) chez les deux populations. En outre, nous montrons que deux périodes de naissance optimales distinctes chez les babouins chacma maximisent soit le rythme de reproduction maternel, soit la survie de la progéniture, en faisant correspondre le début ou la fin du sevrage avec le pic alimentaire saisonnier, respectivement. L'existence de multiples périodes optimales de naissance affaiblit l’intensité de leur saisonnalité reproductive. En revanche, les mandrills ne font pas face à ce même compromis entre reproduction actuelle et future sur le moment de la naissance, et maximisent leurs valeurs sélectives en donnant naissance dans le pic saisonnier de naissance. Chez ces deux espèces sociales, nous trouvons de plus des effets sociaux sur la saisonnalité reproductive: la suppression de la reproduction, liée au rang et conduisant à l'asynchronie des naissances dans un groupe, contribue à expliquer l'absence de reproduction saisonnière chez les babouins chacma, et les femelles dominantes sont moins saisonnières que les subordonnées chez les mandrills. Enfin, une analyse comparative sur 16 populations de 7 espèces de babouins sauvages et proches apparentés révèle une rare flexibilité de leur phénologie reproductive - avec des populations à reproduction saisonnière et non-saisonnière au sein d'une même espèce - et l'imprévisibilité climatique agit comme un facteur majeur de la perte de saisonnalité reproductive. Dans l'ensemble, ce travail élargit notre compréhension des divers patrons de saisonnalité reproductive observés chez les espèces tropicales à longue durée de vie, en mettant en lumière des déterminants précédemment négligés de la phénologie de la reproduction, tels que la prévisibilité climatique, les traits et compromis d’histoire de vie, et divers facteurs sociaux susceptibles d'affecter d'autres espèces sociales et à rythme de vie lent.