Thèse soutenue

Mesure du contenu en emploi de l’agriculture en Afrique subsaharienne : comparaison des modèles agroécologique et conventionnel

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Auteur / Autrice : Esther Laske
Direction : Sandrine MichelJean-Michel Sourisseau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Acteurs, ressources et territoires dans le développement (Montpellier ; Perpignan)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Michel, Jean-Michel Sourisseau, Benoît Dedieu, William G. Moseley, Sandrine Dury
Rapporteur / Rapporteuse : Benoît Dedieu, William G. Moseley

Résumé

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Un accroissement démographique considérable est à l’œuvre en Afrique subsaharienne (ASS) et exerce une pression croissante sur les marchés du travail. Le dernier rapport des Nations Unies portant sur les prospectives démographiques fait état d’une augmentation d’un milliard d’êtres humains pour le continent d’ici à 2050, représentant 52% de l’accroissement de la population mondiale (UNDESA 2019). Or, les progrès économiques récents de la région reposeraient dans certains cas sur des processus réversibles tels que l’urbanisation sans industrialisation (Rodrik 2018) et un basculement de la main-d’œuvre hors de l’agriculture vers des activités de services informelles à faible productivité (Yeboah et Jayne 2018 ; Jayne, Chamberlin, et Benfica 2018). Ces tendances ne laissent pas présager l’émergence d’un secteur secondaire à même d’absorber les nouvelles générations de travailleurs (Rodrik 2016). L’importance de l’agriculture comme premier employeur d'ASS ainsi que le fait qu’une part conséquente de cet accroissement démographique devrait avoir lieu dans les zones rurales (UNDESA 2018) appellent à considérer le rôle du secteur agricole pour faire face au défi de l’emploi à moyen-terme. L’agroécologie constitue une alternative au modèle conventionnel du développement agricole par l’augmentation de la productivité en intégrant les services écosystémiques dans le processus de production. L’hypothèse originale de cette thèse est que les modes de production agroécologiques pourraient contribuer à fournir des activités rémunératrices en ASS, par l’accroissement en travail qu’ils induisent. Afin d’évaluer un potentiel en création d’emploi par l’adoption de l’agroécologie dans l’agriculture familiale, des données primaires ont été collectées dans la zone des Niayes au Sénégal auprès de 180 ménages ruraux, dont 50 engagés dans l’agriculture biologique. Le premier article de la thèse propose une méthode pour évaluer des niveaux d’agroécologie entre les exploitations agricoles et compare ceux-ci du point de vue du travail et de la main-d’œuvre. Des scores agroécologiques sont construits à partir des pratiques mises en œuvre sur les exploitations. Ainsi, les exploitations sont groupées en classes avec différents niveaux d’agroécologie ce qui met en évidence un gradient agroécologique de systèmes agricoles. Des variables relatives aux volumes de travail, au nombre et aux types d’actifs impliqués dans l’activité agricole sont ensuite comparées entre ces systèmes sans identifier de différence significative entre ces catégories.Dans le second article, un cadre d’analyse d’économie institutionnelle est proposé pour comprendre le processus de mobilisation de la main-d’œuvre dans l’agriculture familiale qui pourrait être affecté par l’adoption de l’agroécologie. Il est appliqué au contexte des Niayes et permet de comprendre les mécanismes d’allocation du travail observés sur la zone. Ensuite, une analyse économétrique est conduite pour isoler un effet spécifique des pratiques agroécologiques sur l’emploi. Nos résultats ne mettent pas en évidence de création d’emploi liée à l’adoption de ces pratiques dans l’agriculture familiale des Niayes mais suggèrent le caractère multifactoriel d’un tel processus.Enfin, le troisième article vise à caractériser les configurations socio-économiques des ménages ruraux dans lesquelles des formes de production agroécologique, définies par nos systèmes agricoles, sont mises en œuvre dans les Niayes. Pour ce faire, une classification hiérarchique à composante principale est mobilisée. Ces configurations sont ensuite comparées aux modèles agricoles et typologies incluant l’agroécologie de la littérature permettant d’observer un certain décalage avec la réalité des zones rurales d’ASS. Ces résultats illustrent la diversité des modèles agricoles sur le terrain à l’inverse des représentations simplifiées souvent mobilisées dans les discussions sur le développement agricole.