Thèse soutenue

Effets d’interférence dans l’estimation des magnitudes
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Auteur / Autrice : Kévin Vidaud-Laperrière
Direction : Arielle SyssauPom Charras
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : PSYCHOLOGIE spécialité Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 14/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé / EPSYLON
Jury : Président / Présidente : André Tricot
Examinateurs / Examinatrices : Céline Lemercier
Rapporteurs / Rapporteuses : Arnaud Badets, Jordan Navarro

Mots clés

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Résumé

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La majorité des systèmes vivants sont capables d’extraire des informations disponibles dans l’environnement pour estimer des magnitudes. De nombreuses études ont mis en évidence que le traitement de l’espace, du temps et de la numérosité présente des similarités. Deux courants théoriques s’opposent quant à la modélisation du système de traitement des grandeurs. La théorie AToM (Walsh, 2003) défend l’idée d’un système sans hiérarchie ; alors que d’autres, comme la théorie CMT (Casasanto & Boroditsky, 2008) attribuent un rôle prépondérant à l’espace au sein du système. Des processus dédiés au traitement des informations spatiales seraient détournés, adaptés pour rendre possible l’estimation d’autres magnitudes, telles que la numérosité ou le temps (voir Leibovitch et al., 2017). Le principal argument en faveur de cette hiérarchisation est l’asymétrie des effets d’interférence espace-temps. L’espace biaise nos estimations temporelles (effet Kappa), alors que le temps ne semble pas, ou très peu, influencer nos estimations spatiales (effet Tau). L’objectif de cette thèse est d’étudier les conditions d’émergence de l’effet Tau pour affiner les modèles théoriques de l’estimation des magnitudes. Est-il possible d’obtenir une symétrie, voire une asymétrie "inversée", des effets d’interférence espace-temps ? Pourquoi l’effet Tau nécessite une demande élevée en ressources cognitives pour émerger, mais pas l’effet Kappa ? Pour répondre à ces questions, nous avons mis en place un protocole utilisant des tâches d’estimations temporelles et spatiales, durant lesquelles le temps et l’espace variaient de manière orthogonale. La première étude montre qu’en réduisant la discriminabilité des distances, le coût cognitif de la tâche spatiale augmente. Par ricochet, l’effet Tau est amplifié, allant même jusqu’à provoquer une asymétrie inverse des interférences (Tau > Kappa). La seconde étude permet d’écarter l’impact de biais méthodologiques dans les premières expériences. Elle met aussi en lumière un lien entre les performances interindividuelles des participants, et la force de leur effet Tau. De manière plutôt contre-intuitive, cette étude montre que plus un participant est efficace pour estimer l’espace, plus il est interféré par le temps. La troisième étude montre que les effets Tau et Kappa ne sont pas impactés de la même manière par des contextes émotionnels négatifs. L’effet Tau est insensible aux inductions émotionnelles, alors que l’effet Kappa, lui, est amplifié. Nous interprétons l’ensemble de nos résultats en proposant que les effets Tau et Kappa ne prennent pas leurs origines aux mêmes étapes du traitement de l’information. Par conséquent, ils ne seraient pas issus du même processus, et donc du même système. Ces observations nous amènent finalement à questionner l’importance de cette signature comportementale au sein du débat sur la hiérarchisation du système commun du traitement des magnitudes.