Thèse soutenue

Ancrage territorial du modèle contractuel rizicole sénégalais : une perspective géographique et relationnelle

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Auteur / Autrice : Jean Touré
Direction : Pascal ChevalierJérémy Bourgoin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie et aménagement de l'espace
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de géographie et d’aménagement de Montpellier (Montpellier) - Laboratoire de Géographie et d'Aménagement de Montpellier / LAGAM
Jury : Président / Présidente : Géraud Magrin
Examinateurs / Examinatrices : Claire Thuillier-Cerdan, Lucile Medina
Rapporteurs / Rapporteuses : Bénédicte Thibaud

Résumé

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Face aux enjeux de la sécurité alimentaire mondiale, de nombreux pouvoirs publics (Etats et bailleurs de fonds internationaux) font le choix de promouvoir certains modèles agricoles et notamment celui de l’agriculture industrielle, louée pour ses performances techniques et sa rentabilité économique. Au Sud, ces modèles de production sont aussi valorisés pour leur potentiel de développement rural, avec des ambitions de ruissellement vers les communautés locales. Toutefois, cet engouement n’est pas partagé au sein de la société civile internationale. Ainsi, nombreux (ONG et organisations paysannes) sont ceux qui critiquent les faibles liens horizontaux entre le modèle promu et les communautés locales (création d’emplois, de richesse, de participation à la vie culturelle). Ceux-ci alertent aussi sur les externalités négatives environnementales (perte de biodiversité, contamination des eaux et des sols, entre autres). En parallèle, les pouvoirs publics font également la promotion du développement territorial, un nouveau modèle qui serait la synthèse de plusieurs visions du développement, intégrant les principes de viabilité économique mais aussi de prise en compte des dimensions sociales, environnementales et culturelles. Toutefois, les clés de la mise en œuvre de cette vision restent à être définies. Ce constat s’observe avec la promotion du modèle des contrats agricoles, principale modalité de mise en œuvre de la vision du développement territorial à partir du secteur agricole, mais qui suscitent des visions contradictoires. Les uns en font un modèle qui aurait des effets d’entrainement sur l’économie rurale, tandis que les autres y voient au contraire des stratégies de prédation des ressources agricoles, à la base des activités économiques et sociales de nombreuses communautés locales. D’un côté comme de l’autre, l’analyse reste centrée sur des questions éthiques et parfois idéologiques. Les conditions de fonctionnement des contrats et leurs impacts en termes de développement sont peu abordés. La thèse propose une analyse empirique du développement territorial par les formes de gouvernance autour des contrats agricoles qui sont des liens formels. Ici, le contrat agricole (ou le modèle) n’est pas interprété. C’est simplement un cadre que l’on donne et qui peut avoir un impact relativement limité puisque le développement ne se crée pas uniquement avec des modèles (ou des normes pour l’action). C’est pourquoi, nous mobilisons une analyse sociologique au niveau des acteurs locaux en s’inscrivant dans la géographie sociale afin de montrer le rapport entre le modèle et le réel, et la possibilité qu’il puisse y avoir un écart entre les deux. Pour mesurer ces éléments, nous avons choisi l’exemple du Sénégal, qui est un laboratoire des modèles promus à l’international. En effet, le gouvernement sénégalais les intégre dans sa politique agricole et tente de les territorialiser (adapter au contexte local). Il cible des territoires locaux en fonction de leurs potentialités hydroagricoles, et des filières agricoles jugées prioritaires pour sa souveraineté et sa sécurité alimentaire. C’est à partir de ces choix politiques que nous développons une démarche méthodologique d’analyse du développement territorial. À l’échelle des régions dominées par la filière du riz irrigué, nous mettons en exergue des trajectoires contrastées par rapport à l’ancrage territorial des modèles agricoles. Ce diagnostic est interprété par la connaissance des effets de contexte, des interactions historiques, de l’empreinte de certains acteurs (Etat, agences décentralisées, bailleurs) qui ne sont pas neutres sur le développement du territoire. L’importance de la prise en compte d’éléments structurants, ou de contexte, se traduit par la mobilisation du concept opérationnel de capital territorial. Nous déclinons ce concept en trois grandes dimensions, à savoir des ressources locales, un système de gouvernance et du capital relationnel ou social.