Thèse soutenue

Trois romans colombiens aux prises avec l’histoire : de la transcription à la réécriture ("La carroza de Bolívar" d’Evelio Rosero, "Tríptico de la infamia" de Pablo Montoya, "La forma de las ruinas" de Juan Gabriel Vásquez)

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Auteur / Autrice : Charles-Elie Le Goff
Direction : Karim Benmiloud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : ETUDES ROMANES spécialité Etudes hispaniques et hispano-américaines
Date : Soutenance le 12/11/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche et d'études culturelles (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Florence Olivier
Examinateurs / Examinatrices : Maud Gaultier, Véronique Pitois-Pallares
Rapporteurs / Rapporteuses : Lionel Fabrice Souquet

Résumé

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Parmi la foisonnante création romanesque produite par les écrivains colombiens contemporains, se dégage une tendance à envisager l’histoire nationale, avec un intérêt pour le passé récent, et pour corollaire la question de la représentation de la violence extrême engendrée par le narcotrafic et par le conflit armé, au cours des années 1980, 1990 et 2000. Dans le corpus retenu, Pablo Montoya, Evelio Rosero et Juan Gabriel Vásquez proposent, eux, de plonger plus avant dans l’histoire de la Colombie pour s’intéresser à la conquête et à la colonisation de l’Amérique dans Tríptico de la infamia (2014), à la période de l’indépendance avec La carroza de Bolívar (2012), et à la première moitié du XXe siècle avec La forma de las ruinas (2015). S’attachant à ce corpus, la thèse examine les raisons d’un tel retour en arrière et interroge les modalités de représentation du passé qu’il convoque. Dans quelle mesure le roman peut-il prendre en charge des réflexions nouvelles sur les époques et les évènements clés du récit national ? Quelles sont alors les procédés de captation de l’histoire retenus dans ce corpus hypercontemporain ? Des conjonctions peuvent-elles malgré tout s’établir entre ces trois textes et leur période de rédaction ? Dans la première partie, après une rétrospective de la production antérieure de ces auteurs, l’analyse porte sur les modalités de transcription de l’histoire à l’oeuvre dans les trois romans. Elle met à jour que l’accès aux périodes révolues s’opère non seulement par le truchement de la reconfiguration temporelle mais aussi par le biais de traces diverses. Ces empreintes cristallisent alors toute la violence passée, une violence rendue d’autant plus problématique que les zones d’ombre qui l’entourent demeurent nombreuses et difficiles à sonder. Dès lors, la littérature peut, tout au moins, se proposer de poursuivre, à sa manière, un processus de deuil collectif qui a été entravé. La deuxième partie, quant à elle, se consacre à l’étude de deux extensions du domaine du roman touchant à l’énonciation et à l’utilisation d’une iconographie abondante. En jouant sur la frontière entre le champ fictionnel et le champ référentiel, ces ouvrages font appel à une implication plus active du lecteur, le mettant ainsi dans les conditions d’une meilleure appropriation de l’histoire. La troisième partie révèle que ce corpus n’est pas détaché de sa période de rédaction, laquelle se superpose au processus de paix entre l’État et les FARC (2012-2016), visant à mettre un terme à un conflit vieux de plus de cinquante ans. Dans un tel contexte, un retour sur l’histoire – y compris celle de périodes éloignées dans le temps – s’avère salutaire, et l’on s’attache à mettre en évidence ce que la littérature peut apporter à la réflexion critique autour du passé national. Grâce à l’examen attentif de ces trois ouvrages, la thèse propose ainsi de montrer en quoi le roman peut investir et enrichir le champ des discours producteurs de savoirs sur l’histoire.