Thèse soutenue

La liberté selon Édith Stein : un chemin entre deux abîmes

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Auteur / Autrice : Laurence Bur
Direction : Jean-François Lavigne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 13/01/2021
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier) - Centre de recherche sur les innovations sociales (Canada)
Jury : Président / Présidente : Grégori Jean
Examinateurs / Examinatrices : Danielle Cohen-Levinas
Rapporteur / Rapporteuse : Philippe Capelle-Dumont, Mette Lebech

Résumé

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Cette thèse constitue une enquête sur la liberté dans la pensée d'Édith Stein. A partir de l'étude des textes précis de la philosophe, dont nous interrogeons systématiquement l'enracinement dans une méthode pouvant être qualifiée de phénoménologique, nous dégageons les concepts fondamentaux d'autonomie et d'abandon, et nous questionnons leur articulation possible. La liberté selon Édith Stein nous apparaît comme pouvant être désignée par la métaphore, issue de son œuvre, d'un chemin entre deux abîmes : d'un côté l'abîme de la passivité et de la peur de la liberté, qui peut mener à la soumission voire à la servitude, de l'autre l'abîme de l'absolutisation de la liberté, de la pure invention et création de soi par soi, qui conduirait à la solitude et mettrait en péril les fondements de toute vie possible en communauté. C'est ultimement l'amour, entendu par notre auteur comme un concept, et non seulement comme un sentiment romantique ou comme une expérience spirituelle plus ou moins claire, qu'elle analyse phénoménologiquement, qui constitue à ses yeux l'acte le plus libre : il suppose d'oser être soi-même, et pour cela d'être à l'écoute de ce que Stein appelle le noyau, la note propre échue à chacun, d'où peut jaillir du neuf, qui est à offrir à toute l'humanité. Il s'agit aussi pour elle de consentir à rencontrer l'autre, l'autre personne humaine, mais aussi celui qu'elle juge pertinent, selon son itinéraire spirituel très particulier, d'appeler Dieu, et d'entrer dans une alliance. L'originalité de Stein sur la liberté est donc à notre sens de situer sa pensée sur une ligne de crête extrêmement exigeante, où le sujet voué à être libre ne peut ni absolutiser sa liberté au point de se faire écrasant et tyrannique pour autrui, et finalement pour lui-même, ni la sacrifier au profit d'une docilité entendue comme passivité, soumission, obéissance aveugles à des normes, reproduction conformiste du même. L'acte libre, qui innove, qui fait événement, qui peut changer le cours des choses et fait que demain peut être différent et meilleur qu'aujourd'hui est alors celui de ce sujet qui consent à marcher pas à pas, conscient du drame de la liberté humaine qui peut mener au pire, mais confiant aussi dans le surgissement toujours possible d'une heureuse nouveauté.