Thèse soutenue

Fabrication des bidonvilles dans les pays du Sud : Jeux d'acteurs et modalité d'habiter. Le cas du quartier de Canaan (Port-au-Prince/Haïti)

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Auteur / Autrice : Neptune Prince
Direction : Chantal BerdierAnie BrasLaënnec Hurbon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie, aménagement et urbanisme
Date : Soutenance le 30/06/2021
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Université Quisqueya (Port-au-Prince, Haïti)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Institut national des sciences appliquées (Lyon ; 1957-....)
Laboratoire : Environnement, ville, société (Lyon ; 1995-....) - Environnement Ville Société / EVS - CRAPU - Centre de Recherche et d'Appui aux Politiques Urbaines
Jury : Président / Présidente : Muriel Maillefert
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Berdier, Anie Bras, Laënnec Hurbon, Muriel Maillefert, Catherine Baron, Yves Pedrazzini, Denis Martouzet, Sylvie Pare
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Baron, Yves Pedrazzini

Résumé

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En 2018, on estimait à 300 000 le nombre de bidonvilles existant dans le monde et à 42% la population qui y vivait. 80 % de l’effectif se trouvaient dans les pays du Sud. Situés dans des espaces délaissés proches des villes, les bidonvilles suscitent des interrogations tant comme fait urbain incontournable que comme des territoires à risques naturels et anthropiques. En Haïti comme dans les pays du Sud, l’augmentation de la population urbaine se traduit surtout par la croissance des bidonvilles : 17 en 1950 et environ 400 en 2020. Les travaux sur les bidonvilles sont très nombreux et investiguent surtout les questions de l’habitat, l’occupation foncière, la précarité, l’habitant. Mais peu de travaux et d’approches les mobilisent pour aborder la fabrication progressive des bidonvilles. Cette thèse interroge les modalités d’appropriation foncière, d’auto-fabrication et les modes d’habiter ainsi que le jeu d’acteurs dans l’évolution des bidonvilles par le biais des « tactiques habitantes ». Les observations, les collectes de données réalisées sur le quartier de Canaan, notre terrain d’étude, ainsi que l’analyse du processus de bidonvilisation de la RMP ont permis de mettre en évidence des modalités de ce que nous appelons « faire ville et/ou quartier a posteriori ». En effet, si les populations de ces territoires s’installent, auto-construisent leurs habitats ; on constate qu’au bout d’un temps relativement long, il y a une forme de « normalisation », voire de reconnaissance à postériori de ces quartiers par les pouvoirs publics. C’est le cas du quartier de « Saint-Martin », créé en 1925 et devenu la ville de « Delmas » en 1982. A contrario, les villes planifiées sont conçues à partir de la maitrise foncière, de l’aménagement de l’espace suivi par la viabilisation, des programmes de construction avant que les pouvoirs publics envisagent enfin d’installer la population. A l’inverse de ce processus, la création des « villes a posteriori » se fait à partir de l’établissement spontané des populations sur des terrains souvent déclassés, de l’auto-organisation, de l’auto-construction d’habitat provisoire se consolidant graduellement au fur et à mesure des rentrées d’argent, etc. Les petits commerces de proximité et le déploiement des réseaux techniques urbains se développent progressivement avant que les pouvoirs publics interviennent pour formaliser « a posteriori » cette situation urbaine de fait. In fine, nous défendons la thèse de l’existence d’une inversion de modalité de « faire la ville » que nous désignons par « l’urbanisme inversé » qui correspond à ce que nous avons observé tant en Haïti qu’au Brésil et au Pérou. En effet, certains bidonvilles deviennent au bout de 30 ans à 40 ans soit des territoires intégrés à la politique de la ville au même titre que les villes planifiées ou des quartiers ou des « villes a posteriori ».