Thèse soutenue

La nature et ses marges : la crise de l'idée de nature dans les humanités environnementales

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Auteur / Autrice : Damien Delorme
Direction : Jean-Philippe PierronSarah Kroeker
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie mention Histoire de la philosophie
Date : Soutenance le 17/11/2021
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Université de Genève
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Larrère
Examinateurs / Examinatrices : Sarah Kroeker, Catherine Larrère, Virginie Maris, Layla Raïd, John Baird Callicott, Pierre Charbonnier
Rapporteurs / Rapporteuses : Virginie Maris, Layla Raïd

Résumé

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Face aux crises écologiques, que faire avec la nature ? Au sein des humanités environnementales, la « nature » est, tout à la fois, remise en cause, rejetée et revendiquée. Cette crise de l’idée de nature oppose, d’un côté, des positions a-naturalistes qui appellent à penser et agir sans la « nature » et, de l’autre, des positions multi-naturalistes qui revendiquent une conception et des usages pluralistes et renouvelés. La première partie analyse les arguments a-naturalistes (d’ordre conceptuel, anthropologique, normatif, politique et pragmatique) et discute quatre pôles de déconstruction : anti-essentialiste (Morton), décolonial (Descola), immanentiste repolitisant (Latour) et environnementaliste post-naturel (Vogel). Mais ces positions s’en tiennent généralement à la critique d’une conception majoritaire de l’idée de nature : dualiste, moderne, coloniale et patriarcale. Que faire alors des voix minoritaires du naturalisme (entendu au sens de Descola) ? La deuxième partie discute différentes perspectives multi-naturalistes (historique, écoféministe, écotopique ou zadiste et conservationniste) qui déploient la pluralité des conceptions et des usages non-duels (relationnels, écologiques, écocentrés, et pluralistes) de l’idée de nature. Ces positions intègrent et dépassent les critiques a-naturalistes en affirmant les ressorts problématisant, subversifs, émancipateurs et créatifs, pensés et mis en œuvre avec les natures, et au sein des marges (anti-coloniales, anti-patriarcales, anti-capitalistes ou anti-extractivistes). La troisième partie approfondit la défense du multi-naturalisme par l’exploration des marges écothéologiques et écospirituelles. Il analyse les dimensions religieuses sous-jacentes à la crise de l’idée de nature et cartographie différentes voies d’une écothéologie ouverte (terrestre, pluraliste et politique), minoritaire mais dessinant des points de rencontre avec les luttes intersectionnelles, notamment pour la justice environnementale. L’analyse de pratiques écospirituelles souligne enfin les liens entre écologie en première personne et écologie politique. Le présent travail propose, en somme, une philosophie mineure de l’environnement qui s’efforce d’entendre, de justifier et de relier les voix minoritaires du naturalisme, comme un témoignage de leurs puissances transformatives, critiques et constructives face aux défis écologiques.