Thèse soutenue

L'élaboration du gold exchange standard pour l'Inde (1870-1913) : d'une controverse à une innovation monétaire

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Auteur / Autrice : Jordan Biets
Direction : Rebeca Gomez-Betancourt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 09/06/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques et gestion (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Jérôme Blanc
Examinateurs / Examinatrices : Maria Bach, Gopalan Balachandran, Claire Silvant
Rapporteurs / Rapporteuses : Anders Ögren, Christophe Depoortère

Résumé

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Cette thèse analyse le processus d’émergence du gold exchange standard (GES). Spécialement façonné pour l’Inde au fil des débats entre 1876 et 1892, son adoption est l’occasion de fortes tensions politiques et théoriques jusqu’en 1913. Nous nous intéressons dans cette thèse à l’intensité des discussions monétaires derrière le manque d’adhésion pour ce régime pendant ces trois décennies. Nous mettons en lumière qu’en débattant de la roupie, ces acteurs repensaient le cadre logique d’usage des monnaies domestiques. Pour le comprendre, nous revenons aux origines de son élaboration en réhabilitant ses inventeurs pour l’Inde : John Thomas Smith (1805-1882) et Alexander Martin Lindsay (1844-1906). Leur contribution est étudiée dans le cadre des débats qu’ils ont suscités, et met en lumière les éléments innovants controversés du GES. Ce régime – qui repose sur une monnaie domestique strictement jeton, échangeable en or par l’intermédiaire d’une devise étrangère – est alors perçu comme « inconvertible », « artificiel » ou « géré ». En 1876, Smith confronte ses arguments à Walter Bagehot (1826-1877), alors que Lindsay affronte dans un autre contexte la défiance des Comités Herschell (1893) et Fowler (1898). Il ressort que l’hostilité des intellectuels britanniques de cette fin de 19e siècle relève de représentations héritées du métallisme théorique. Désorientés par la rapide diffusion internationale du gold standard dans les années 1870, ils surestiment le rôle monétaire des métaux à la lumière de l’exemple du régime monétaire anglais. Avec le Smith-Lindsay scheme, adapté à l’Inde et au nouvel environnement international, ces deux auteurs rompent avec ces idées monétaires de leur époque. Le GES, mis en place en Inde sans conviction politique et sans adhésion théorique, marque pourtant l’énonciation et le début d’un gold standard d’avant-garde.