Affronter l'intime : De l'expression à l'inexpression de soi dans les théâtres de Pippo Delbono et Angélica Liddell.
Auteur / Autrice : | Ulysse, Alexe Caillon |
Direction : | Olivier Neveux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et litteratures francaises |
Date : | Soutenance le 06/12/2021 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....) |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Joseph Danan |
Examinateurs / Examinatrices : Claudia Palazzolo | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sophie Lucet, Anne-Françoise Benhamou |
Mots clés
Résumé
À partir du travail de deux artistes, Pippo Delbono et Angélica Liddell, la thèse étudie la question de l’expression de soi au théâtre, comme une mise en langage(s) problématique qui demande d’affronter l’intime. Face à l’inexprimable du moi, les dramaturgies de ces deux artistes posent la question de la possibilité et de la nécessité du théâtre autobiographique, que ce soit à travers la parole ou le corps. Au travers de ces deux théâtralités exemplaires, il apparaît que parler de soi sur scène nécessite de passer par un certain nombre de normes déjà établies, même lorsque faire du théâtre « avec la vie » est d’abord vécu comme une évidence dans le processus de création. Confronté·e·s à des esthétiques de la parole intime, ces artistes passent par des chemins balisés de l’expression de soi, jouent de leurs codes et mettent surtout en évidence les limites que chaque choix expressif implique. Ils recourent alors à une autre façon de se dire, que nous qualifions d’« inexpression », parce qu’elle manifeste la volonté de laisser se retirer la parole et d’aller vers le silence. Ces expressions comme inexpressions sont plurielles et les artistes circulent de l’une à l’autre, tout en créant des positions différentes d’interlocuteurs·rices intimes, que les spectateurs·rices sont invité·e·s à occuper, de manière plus ou moins contrainte.En s’appuyant sur l’analyse des spectacles de la période « française » des deux artistes, et en mobilisant un corpus de textes théoriques issu des études théâtrales, des études littéraires, de la philosophie et des sciences sociales, la thèse investigue ainsi un mouvement général des expressions que représentent la poésie, la confession, le spectacle et le témoignage, vers les inexpressions de la désolation (sur un modèle apocalyptique) et de la mélancolie. Ce mouvement est interprété, au fil de l’étude, comme le refus d’un théâtre autobiographique de la communication, en vue de construire un nouveau type de relation intime au spectateur proche d’une conception mystique.