Thèse soutenue

Restaurer des rivières à l'ère de l'Anthropocène : Controverses sociotechniques des pratiques réparatrices (Durance, Vistre, Gardons, Drac)

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Auteur / Autrice : Marie Lusson
Direction : Florian CharvolinChristelle Gramaglia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 25/05/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Hervé Piégay
Examinateurs / Examinatrices : Florian Charvolin, Christelle Gramaglia, Sara Fernandez, Marie-Anne Germaine
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Guinchard, Raphaël Mathevet

Résumé

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Coupées par des digues et des seuils, polluées par les rejets industriels, urbains et agricoles, désassemblées pour leur eau ou leurs graviers, 42 % des rivières françaises sont en mauvais état écologique et morphologique. La directive européenne de l’eau de 2000, dite « DCE » vise la reconquête écologique des milieux aquatiques. Dans ce but, les Agences de l’eau encouragent les opérations de restauration des rivières. Or, l’ingénierie de la restauration est une pratique non stabilisée entrainant de nombreuses controverses tant techniques, sociales que politiques. En recourant à l’ethnographie comparative de quatre projets de restauration hydromorphologique sur le bassin du Rhône et à l'écriture biographique des rivières (Durance, Vistre, Gardon, Drac), la thèse déconstruit les critères qui fondent la dénomination de succès ou d’échec de ces opérations. Pris à des stades d’avancement et d'intervention divers, chaque projet vient détailler une approche singulière de la restauration : la restauration-ravaudage, la restauration-revitalisation, la restauration de non-intervention et la restauration-démonstration. Ce travail montre que la mise en œuvre des projets est relative aux capacités de ses « entrepreneurs de restauration » à conduire un travail politique de traduction et d’intéressement à même I) de favoriser l’adhésion dans un contexte expérimental et incertain, II) d'adopter une posture attentive que l’on peut rapprocher d'une forme de care. Non explicité par les restaurateurs, ce soin portée aux singularités des milieux apparait néanmoins nécessaire pour redonner aux rivières une part de l’agentivité qui leur avait été retirée. Située en amont des controverses publiques, la thèse interroge les projets techniques en train de se faire et pose les jalons d’une réflexion à venir sur les conditions de co-construction humaines et non-humaines des futures réparations.