Le théâtre en Ionie. : Les monuments et leurs usages, de la fin de l'époque classique à l'antiquité tardive.
Auteur / Autrice : | Jeanne Capelle |
Direction : | Jean-Charles Moretti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire / Archéologie |
Date : | Soutenance le 16/01/2021 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Henry |
Examinateurs / Examinatrices : Valentina Di Napoli | |
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Saliou |
Résumé
Cette synthèse porte sur le théâtre en Ionie, région choisie pour la richesse de ses sources documentaires comme pour son unité politique et culturelle. Première étude limitée à une seule partie de l’Asie Mineure, elle retrace l’histoire de ce théâtre de la fin de l’époque classique à l’Antiquité tardive et s’attache à mettre en relation l’évolution des usages et celle de la configuration des monuments. Une réflexion sur la notion de θέατρον conduit à étendre le corpus à tout édifice ayant eu un usage théâtral : les odéons ou bouleutèrions, qui ont pu faire office de petits théâtres, sont retenus et les stades, θέατρα complémentaires dans la panoplie des cités ioniennes, ne sont pas exclus de la réflexion. La synthèse repose sur un catalogue des vestiges et des sources textuelles regroupés en seize notices correspondant chacune à une cité ou une localité : Chios, Clazomènes, Colophon (dont Notion et Claros), Éphèse, Érythrées, Lébédos, Magnésie du Méandre, Métropolis, Milet, Myonnèse, le Panionion, Phocée, Priène, Samos, Smyrne, Téos. Au commencement, artistes et concours ioniens, célèbres depuis le Ve s. av. J.-C., se passèrent d’une architecture en pierre qui semble ne s’être développée qu’au tournant du IVe et du IIIe s. La synthèse traite d’abord de la destination religieuse et agonistique des théâtres, les replaçant dans la fête, comme espaces religieux, stations de processions et lieux de pratiques rituelles. Suit une présentation typo-chronologique des concours musicaux ioniens principalement organisés en l’honneur des divinités traditionnelles puis de puissances étrangères (souverains hellénistiques, Rome, empereurs romains). L’évolution de l’espace scénique et de son utilisation par les artistes est enfin retracée : si les édifices se monumentalisent au IIe s. av. J.-C., ce n’est qu’à l’époque impériale que leur architecture est adaptée à de nouveaux types de spectacles, avec une estrade plus profonde notamment. Les formes adoptées à l’époque hellénistique sont alors conservées dans leurs grandes lignes et parfois intégrées à une reconfiguration propre aux grands théâtres ioniens. Ce n’est pas avant la fin de l’Antiquité que l’on renoncera dans certains édifices à l’espace scénique traditionnel. Une deuxième partie aborde les usages secondaires des théâtres. L’usage politique ou judiciaire est bien attesté dans la région à l’époque hellénistique ou impériale ; rien ne prouve qu’il ait été aussi habituel qu’on l’a pensé. L’organisation de venationes et de munera a entraîné des modifications bien connues, mais qui apparaissent singulières en Ionie, par leur précocité et la façon dont elles participent à une reconfiguration en profondeur des édifices. Enfin, le problème négligé du lieu du martyre de chrétiens en l’absence d’amphithéâtres est posé dans son contexte micrasiatique afin de mieux envisager les quelques exemples ioniens. De rares cas où les théâtres ont été détournés de leurs usages habituels concluent cette partie. Après l’exploration des usages, l’enquête part enfin sur la trace des usagers. D’abord les constructeurs, à travers le sujet nouveau des épures de théâtres, présenté à l’échelle du monde méditerranéen pour éclairer les tracés découverts dans le cadre de la thèse. Puis le public, dont on restitue l’évolution dans les édifices, distinguant les circuits, les espaces de stationnement et les éventuelles commodités. Enfin l’on discute de la place des spectateurs au théâtre, en s’intéressant au système de réservation des places, que ce soit à travers la singularisation architecturale, la politique des honneurs ou les inscriptions topiques