Diagnostic et remédiation orientés vers le lexique en compréhension aurale de l'anglais
Auteur / Autrice : | Marie-Pierre Jouannaud |
Direction : | Heather Hilton |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et litteratures etrangeres |
Date : | Soutenance le 13/01/2021 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches en terminologie et traduction (Bron, Rhône) - Centre de recherche en terminologie et traduction / CRTT |
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Renner |
Examinateurs / Examinatrices : Denis Jamet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Shona Whyte, Claire Tardieu-Garnier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans cette thèse, nous adoptons une perspective diagnostique sur l’évaluation de la compréhension aurale en anglais langue étrangère, ce qui implique, d’une part, une attention portée aux processus sous-jacents de la compréhension (et pas simplement à son résultat), et d’autre part, un lien explicite avec des activités de remédiation associées. Afin de permettre d'identifier le plus tôt possible dans le parcours universitaire des étudiants francophones leurs lacunes et leurs acquis, nous avons conçu cinq tests diagnostiques inspirés des résultats de la recherche en acquisition des langues étrangères et en psycholinguistique, portant sur la discrimination phonémique, la sensibilité prosodique, la reconnaissance aurale du vocabulaire, le jugement aural de grammaticalité, et les connaissances phraséologiques, qui sont tous des contributeurs potentiels à la compréhension de l’oral (CO) en anglais. Nous avons présenté un argument de validité pour chacun de ces tests, montrant tout d’abord qu’ils étaient fiables, discriminants, et unidimensionnels. Ils sont également pratiques, utilisables en ligne, autocorrectifs, et demandant un temps de passation assez court. Enfin, les items dont ils sont composés reflètent lors de leur administration, comme attendu, une influence de la fréquence lexicale et de la langue maternelle de nos sujets (le français). Nous avons ensuite poursuivi cette validation avec la mise en rapport des résultats aux cinq instruments diagnostiques avec ceux d’un test de positionnement en compréhension de l’oral aligné sur le CECR. Cela nous a permis de retrouver des résultats bien établis, à savoir d’une part une corrélation importante entre connaissances lexicales et grammaticales, et d’autre part la hiérarchie de corrélations avec la compréhension aurale généralement rapportée dans la littérature scientifique : corrélation faible entre CO et capacité de discrimination phonémique, et moyenne à forte entre CO et connaissances lexicales et grammaticales. Nous avons également observé une corrélation faible à moyenne entre sensibilité prosodique et compréhension de l’oral en anglais L2, déjà constatée dans une étude précédente avec des sujets japonophones, et que nous confirmons ici avec des sujets francophones. Nous pouvons ajouter un résultat plus périphérique, observé auparavant chez des adolescents anglophones, à savoir l’absence apparente de corrélation entre capacités de discrimination phonémique et prosodique, que nous retrouvons également avec notre population d’étudiants en anglais L2. Enfin, nous avons trouvé un résultat nouveau, à savoir une forte corrélation entre connaissances phraséologiques et compréhension de l’oral. Ce rôle prépondérant a été confirmé par une étude de régression logistique dans laquelle seules les connaissances phraséologiques étaient prédictives du niveau de compréhension de l’oral. Nous avons interprété ce résultat comme montrant l’importance des processus de traitement de niveau supérieur (impliquant le sens) dans la compréhension, et en particulier l’intégration du sens des différents éléments lexicaux reconnus. Il montre également à quel point il est important d’inclure une mesure des connaissances phraséologiques lors de l’évaluation des connaissances linguistiques en général et lexicales en particulier. Une évaluation des connaissances lexicales focalisée uniquement sur les mots isolés aura tendance à surestimer les connaissances des apprenants, qui ne reconnaissent pas forcément le sens d’expressions non compositionnelles fabriquées à partir de mots très fréquents. Nous terminons par l’exposition des grandes lignes d’un dispositif de remédiation centré sur le lexique dont les principes de conception découlent de nos résultats antérieurs : focalisation sur les composants du processus de compréhension de l’oral (en particulier les connaissances lexicales), importance du feedback, personnalisation. exposition répétée, décontextualisée et contextualisée, et engagement cognitif.