Thèse soutenue

Analyses empiriques des étapes précoces et tardives de l’évolution des chromosomes sexuels chez les plantes grâce à Silene acaulis, Cannabis sativa et Humulus lupulus

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Auteur / Autrice : Djivan Prentout
Direction : Gabriel MaraisJos Käfer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génomique évolutive
Date : Soutenance le 03/12/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive
Jury : Président / Présidente : Christophe Douady
Examinateurs / Examinatrices : Gabriel Marais, Jos Käfer, Tatiana Giraud, Frédérique Aberlenc-Bertossi, Christelle Fraïsse
Rapporteurs / Rapporteuses : Tatiana Giraud, Frédérique Aberlenc-Bertossi

Résumé

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La trajectoire décrivant l’évolution d’une paire de chromosomes sexuels à longtemps été proposée comme étant universelle pour tous les systèmes, cependant des propositions alternatives ont récemment nuancé ce «modèle» unique. D’après ce modèle, il y aurait dans un premier temps l’émergence d’une région non-recombinante (XY ou ZW), puis, une expansion de celle-ci. Simultanément, l’absence de recombinaison induit ce que l’on appelle la dégénérescence du chromosome Y (ou W). La dégénérescence est supposée augmenter et, après un certain temps évolutif, devrait conduire à un système dans lequel le chromosome Y (ou W) serait plus petit que le chromosome X (ou Z), voire disparaît. Cependant, seulement une trentaine de paires de chromosomes sexuels de plantes ont été étudiées avec des données empiriques, parmi plus de 15 000 espèces dioïques (i.e. plantes à sexes séparés). Il en résulte que certaines étapes du systèmes sont mieux supportées que d’autres. Plus précisément, la formation de la région non-recombinante a essentiellement été étudiée de manière théorique, tandis qu’une forte dégénérescence avec un chromosome Y (ou W) plus petit que le chromosome X (ou Z) n’a été décrite que chez les animaux. Afin de mieux décrire la première étape du modèle, l’émergence de la région non recombinante, le premier axe de cette thèse représente une étude de Silene acaulis ssp exscapa, la seule sous-espèce dioïque du complexe Silene acaulis. En effet, ceci laisse supposer que ce système sexuel est un caractère dérivé, donc probablement récent. Le mécanisme du déterminisme du sexe n’étant pas connu, j’ai voulu savoir si une région non-recombinante typique d’une paire de chromosomes sexuels est présente chez cette sous-espèce. Pour cela, j’ai utilisé un outil récemment publié basé sur l’analyse de fréquences génotypiques et phénotypiques de mâles et de femelles au sein d’une population. Deux jeux de données RNA-seq provenant de deux populations différentes ont permis d’identifier 27 gènes potentiellement XY, et suggèrent que la paire de chromosomes sexuels serait récente. Des analyses complémentaires sont tout de même nécessaires pour confirmer ces résultats. Deuxièmement, afin de tester l’existence d’une paire ancienne de chromosomes sexuels avec une forte dégénérescence chez les plantes, le deuxième axe de cette thèse est une étude de deux espèces dioïques de la famille des Cannabaceae, Cannabis sativa et Humulus lupulus. En effet, l’ancêtre commun de ces deux espèces, qui divergent depuis plusieurs dizaines de millions d’années, était probablement dioïque. De plus, des analyses cytologiques ont identifié des paires de chromosomes sexuels qui pourraient être anciennes. Pour caractériser l’âge et le niveau de dégénérescence de ces paires de chromosomes sexuels, des données RNA-seq d’un croisement ont été générées pour chacune des deux espèces. Un outil probabiliste analysant les ségrégations alléliques au sein d’un croisement a permis d’identifier la première paire de chromosomes sexuels homologue entre deux genres chez les plantes. De plus, ces chromosomes sexuels sont parmi les plus vieux et les plus dégénérés actuellement décrits chez les plantes. Par ailleurs, la détection de séquence Y-spécifiques pourrait permettre d’améliorer la culture de ces deux espèces puisque seules les femelles ont un intérêt économique et que le dimorphisme sexuel est faible. J’ai développé des amorces PCR qui montrent des résultats prometteurs. Plus généralement, ces résultats apportent de nouvelles informations concernant les étapes les moins bien décrites de l’évolution des chromosomes sexuels chez les plantes. Premièrement, nous montrons qu’une paire de chromosomes sexuels a probablement émergé récemment dans une espèce, et confirmons l’intérêt de continuer à l’étudier. Deuxièmement, nous confirmons que des chromosomes sexuels vieux et fortement dégénérés existent chez les plantes.