Thèse soutenue

Morbi-mortalité de l’artérite à cellules géantes et impact des thérapeutiques
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Auteur / Autrice : Sabine Jardel Mainbourg
Direction : Jean-Christophe LegaFrançois GueyffierMichel Cucherat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie clinique
Date : Soutenance le 29/11/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive
Jury : Président / Présidente : Claire Le Jeunne
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Christophe Lega, François Gueyffier, Hubert de Boysson, Aurélie Daumas, Hervé Devilliers, Isabelle Marie, Jean-Pierre Fauvel
Rapporteurs / Rapporteuses : Hubert de Boysson, Aurélie Daumas

Résumé

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L’artérite à cellules géantes (ACG) est une inflammation des parois des gros et moyens vaisseaux et concerne les adultes de plus de 50 ans. Elle se manifeste par des céphalées, une altération de l’état général et un syndrome inflammatoire biologique. Des complications sévères peuvent survenir. La corticothérapie est la pierre angulaire du traitement, mais entraîne de nombreuses complications lors d’une prise prolongée. L’objectif de ce travail était de faire l’état des lieux de la morbi-mortalité de la pathologie, à partir des données publiées, et des données de mortalité disponibles via EUROSTAT ; d’évaluer l’intérêt relatif en terme d’efficacité et de tolérance des molécules à visée d’épargne cortisonique actuellement disponibles. Une revue de la littérature de l’ACG a été réalisée. La prévalence des rechutes a été estimée par des techniques méta-analytiques. 34 études ont été inclues totalisant 2 505 patients. La prévalence globale était estimée à 47,2% (intervalle de confiance (IC) à 95% 40,0 – 54,3), avec une forte hétérogénéité (I²=93%). La prévalence des rechutes était significativement plus haute dans les essais randomisés par rapport aux études observationnelles (65,8% versus 41,7%, p<0.0001). La prévalence des rechutes était également associée à l’année de publication (34 études, augmentation de 8.3% par décade; p<0.0001) et à la durée de la corticothérapie (17 études, diminution de 1.7% pour chaque mois supplémentaire; p<0.001). La prévalence et l’incidence des rechutes sévères ont été estimées par une méta-analyse. 26 études ont été inclues, totalisant 2 754 patients. La prévalence des rechutes majeures était estimée à 3,3% (IC 95% 1,7 – 5,6; I²=86%) et l’incidence à 14,5/100 patient-année (IC 95% 5,2 – 27,2; I²=90%). Les manifestations cliniques étaient les claudications de la mâchoire (44,3%), les atteintes ophtalmologiques (32,7%). Lors de la méta-régression, la durée de suivi était inversement corrélée à l’incidence des rechutes majeures (Beta = -0.015, IC 95% -0,026 – -0,0042; p=0,0063). Une analyse a été conduite sur les données de mortalité liée à l’ACG en Europe (Eurostat). Les données de mortalité concernant l’ACG ont été extraites entre 1994 et 2016. Les données ont été extraites pour 31 pays européens : les 27 membres de l’Union Européenne, 3 pays membres de l’association européenne de libre-échange, et le Royaume-Uni. Les populations ont été agrégées par tranche de 5 ans, entre 50 ans et plus de 85 ans. Les taux bruts et les taux de mortalité normalisés selon l’âge (ASMR) ont été calculés. Entre 1994 et 2016, 5650 décès ont été rapportés à l’ACG. L’ASMR européen variait de 0,436/100 000 population (IC 95% 0,384 – 0,494) en 1994 à 0,146/100 000 population (IC 95% 0,130 – 0,163) en 2016 et diminuait significativement au cours du temps (-0,017 par an, p<0,001). Les différents traitements proposés dans l’ACG ont été comparés par une méta-analyse en réseau incluant les essais randomisés contrôlés dans l’ACG. La recherche a été effectuée sur MedLine et ClinicalTrial.gov. Le critère de jugement principal était le taux de rechute. 8 essais ont été inclus, totalisant 572 patients. Tous les essais comparaient un traitement d’épargne cortisonique avec une corticothérapie. La certitude de la preuve a été établie en utilisant la méthode GRADE. Le niveau de preuve était faible ou très faible pour les comparaisons d’intérêt. Le risque de rechute était significativement plus faible avec le tocilizumab comparé au méthotrexate (RR=0,41; IC 95% 0,17 – 0,97), à la corticothérapie prolongée (RR=0,41, IC 95% 0,20 – 0,83), et à la corticothérapie courte (RR=0,32; IC 95% 0,16 – 0,66). Les fréquences d’effets indésirables sévères et d’infections sévères étaient comparables entre les différents traitements. L’ensemble des travaux réalisés ici propose un modèle de connaissance de l’ACG, qui permettra de construire un modèle computationnel, lui-même étant le point de départ de la construction d’une population virtuelle réaliste.