Thèse soutenue

Étude structurale de la protéine de capside du virus de l’immunodéficience féline à des fins thérapeutiques

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Auteur / Autrice : Mathieu Long
Direction : Christophe Guillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie structurale
Date : Soutenance le 30/09/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Molecular Microbiology and Structural Biochemistry (Lyon ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Adriana-Erica Miele
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Guillon, Serena Bernacchi, Carine Tisné, Ewen Lescop, Gilles Rautureau
Rapporteurs / Rapporteuses : Serena Bernacchi, Carine Tisné

Résumé

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Le virus de l’immunodéficience féline (Feline immunodeficiency virus, FIV) est un lentivirus, comme le virus de l’immunodéficience humaine. Il représente un enjeu de la médecine vétérinaire, aussi bien pour les animaux domestiques que sauvages. Il infecte entre 5 et 10 % des chats domestiques dans le monde, et l’ensemble des espèces félines est concerné par le FIV, dont les différents types sont chacun adaptés à une espèce hôte. L’infection au virus conduit à une immunodéficience similaire au syndrome d’immunodéficience acquise induite par le virus de l’immunodéficience humaine chez l’Homme. Il n’existe à ce jour aucun traitement efficace contre le FIV. Le FIV est constitué de structures supramoléculaires, protégeant son génome sous forme d’ARN génomique. La capside est une de ces structures et contient le génome viral. La capside protège le génome jusqu’à la réalisation de la rétrotranscription et participe à l’entrée du génome dans le noyau et à l’intégration du génome viral dans le génome cellulaire. La protection de l’ARN génomique avant la rétrotranscription prévient la détection de l’ARN viral par les protéines de restriction antivirale et sa dégradation. La capside virale est un assemblage d’une protéine sous-unitaire, la protéine de capside, CA ou p24, qui s’assemble en pentamères ou hexamères qui s’assemblent ultimement pour former la capside. La capside interagit avec de nombreux partenaires cellulaires. Ces interactions sont très bien décrites pour le VIH-1, l’espèce virale la plus étudiée du genre des lentivirus, mais sont moins bien caractérisées chez le FIV. Cette capacité à s’assembler de cette façon est requise au moment du bourgeonnement des virions à la membrane plasmique, et lors du réassemblage des sous-unités lors de la maturation du virion. La stabilité de la capside à l’intérieur de la cellule infectée a une ambivalence, entre la protection du génome viral, et la nécessité du désassemblage de la capside pour la libération du génome viral sous sa forme ADN. Ce double comportement montre en quoi la capside est une bonne cible thérapeutique. Perturber l’assemblage ou le stabiliser sont deux approches possibles pour interférer avec la capside et mettre au point des composés actifs contre l’infection au FIV. Pour le traitement du VIH-1, des composés interagissant avec la capside virale sont en cours d’essais cliniques. Dans le cadre d’une collaboration avec une équipe Uruguayenne , nous avons identifié une molécule interférant avec l’assemblage de la capside du FIV in vitro. Nous avons mis en évidence une fixation spécifique de la molécule sur FIV p24, sous sa forme monomérique. Nous avons mesuré l’affinité du composé pour FIV p24 et caractérisé son site de fixation. Pour la caractérisation de ce site de fixation, nous avons choisi d’utiliser la RMN et pour cela, nous avions besoin de l’attribution RMN de la protéine qui n’avait pas été faite préalablement, que nous avons ainsi réalisée. Nous avons montré que le mécanisme de fixation de notre composé est similaire à celui des traitements en cours d’essais cliniques contre VIH-1 p24. Ces molécules agissent par une compétition pour la fixation sur VIH 1 p24 avec des protéines cellulaires interagissant avec la capside du VIH-1, telles les nucléoporines, et cette compétition inhiberait l’entrée du génome viral dans le noyau. Avec ces données décrites chez le VIH-1 et nos résultats expérimentaux sur la capside du FIV, nous avons cherché si les nucléoporines félines, homologues aux nucléoporines humaines se liant à la capside du VIH-1, pouvaient se lier à la capside du FIV et avons montré une affinité de ces nucléoporines pour FIV p24. Cela soutient l’idée d’un mécanisme commun d’entrée des lentivirus dans le noyau des cellules infectées via leur capside. À terme, le criblage de molécules dérivées de notre molécule guide pourrait permettre l’identification de composés efficaces et peu chers à produire pour la médecine vétérinaire.