Thèse soutenue

Déchiffrer les origines du sommeil lent et du sommeil paradoxal par une approche multimodale et intégrée de l'ordre des squamates

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Auteur / Autrice : Baptiste Barrillot
Direction : Paul-Antoine Libourel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 31/05/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (Bron ; Saint-Priest-en-Jarez ; 2011-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Didier
Examinateurs / Examinatrices : Paul-Antoine Libourel, Markus Schmidt, Gilles Laurent, Gabrielle Girardeau, Anthony Herrel
Rapporteur / Rapporteuse : Markus Schmidt, Gilles Laurent

Mots clés

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Résumé

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Le sommeil est présent dans l’ensemble du monde animal. Il a été identifié chez toutes les espèces étudiées à ce jour. Ce phénomène complexe et mystérieux a été divisé en deux états dans les années 50 – le sommeil paradoxal et le sommeil lent – chez l’humain et le chat. En se basant sur le phénotype physiologique unique de ces états, cette dualité a ensuite été identifiée chez tous les mammifères terrestres et les oiseaux étudiés. Cependant, leur origine évolutive reste incertaine. Longtemps envisagée comme étant uniquement présente chez les homéothermes, de récents travaux chez le lézard ont remis en question cette ancienne hypothèse en montrant l’existence de deux états électrophysiologiques distincts pendant le sommeil chez deux espèces de lézards (Salvator merianae & Pogona vitticeps). L’ordre des squamates (lézards et serpents), et plus largement des reptiles non-aviens, sont à une position clé d’un point de vue évolutif pour retracer l’origine des deux états de sommeil puisqu’il partage un ancêtre commun avec les mammifères et les oiseaux. De plus, ces deux états de sommeil identifiés chez les squamates ont révélé de fortes distinctions entre les deux espèces étudiées, mais plus important encore, avec le phénotype classique des états de sommeil mammalien. Dans ces travaux de thèse, nous discutons tout d’abord de l’importance ne pas chercher à calquer des caractéristiques du sommeil des mammifères chez des espèces qui ne sont pas nécessairement capable de l’exprimer. De plus, dans le but d’étendre notre compréhension de l’origine de ces deux états de sommeil, nous avons enregistré et caractérisé le sommeil de trois espèces différentes de squamates. Dans une première étude, nous apportons de nouvelles données sur le phénotype de sommeil du Pogona vitticeps, en mesurant l’évolution du tonus musculaire, de la fréquence cardiaque, l’ouverture des yeux, les mouvements du sommeil, couplés à l’enregistrement des potentiels de champs locaux. Mise à part une légère augmentation du nombre de mouvements oculaires, nous n’avons pas révélé de différences significatives des autres paramètres physiologiques mesurés entre les deux états de sommeil de cette espèce. De plus, nous avons décrit pour la première fois un comportement de fermeture unilatérale des yeux associée à une asymétrie de l’activité cérébrale. Cette découverte ouvre de nouvelles questions sur la nature même des ondes lentes chez les squamates ou sur la potentielle existence d’un sommeil unilatéral chez les squamates. Nous avons également caractérisé un autre Agamidae, une espèce sœur du Pogona vitticeps, l’agame étoilé, Stellagama stellio. Chez cette espèce, nous avons trouvé la même alternance de deux états de sommeil et la même rythmicité identifiées chez le Pogona vitticeps, suggérant une origine ancestrale dans le groupe des Agamidae. Enfin, nous nous sommes intéressés à un autre groupe de squamates jamais enregistré, les Scinciformata, via le Broadleysaurus major. Etonnamment, bien que cette espèce montre des signes comportementaux de sommeil, nous n’avons pas pu démontrer l’existence de deux états cérébraux distincts pendant leur sommeil. Cependant, elle présente une lente oscillation qui rappelle la rythmicité des Agamidae. Bien que ces travaux présentent certaines limites, en particulier relatif au nombre d’animaux étudiés, ils questionnent l’homologie entre les deux états de sommeil trouvés chez les Agamidae et le sommeil paradoxal et sommeil lent des mammifères. En effet, bien que deux états de cérébraux puissent co-exister pendant le sommeil chez les Agamidae et les Teidae, il semblerait que ce phénotype ne soit pas exprimé par tout l’ordre des squamates. De plus, les changements physiologiques associés au sommeil des mammifères semblent être moindres voire inexistants chez les squamates, suggérant que la.es fonction.s du sommeil, ainsi que la nature de ses états cérébraux, des squamates pourrai.en.t être différente.s de celle.s des mammifères.