Thèse soutenue

Ecologie des interactions prédateurs-proies et prédateurs prédateurs dans un contexte multiprédateur

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Auteur / Autrice : Elise Say-Sallaz
Direction : Hervé FritzMarion Valeix
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie
Date : Soutenance le 04/06/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Desouhant
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Fritz, Marion Valeix, Scott Creel, Elsa Bonnaud, Camilla Wikenros, Nadège Bonnot, Anne Loison
Rapporteurs / Rapporteuses : Scott Creel, Elsa Bonnaud, Camilla Wikenros

Résumé

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La coexistence d’espèces de grands carnivores n’est pas rare, l’objectif de cette thèse est de comprendre comment cela affecte les interactions proie-prédateurs. La première partie de la thèse porte sur les effets non létaux (NCE, Non-Consumptive Effects) des prédateurs. Face au risque de prédation les proies peuvent modifier leur comportement, ce qui est couteux (stress, énergie), et va avoir un effet sur la dynamique de population des proies. Chez les invertébrés les NCE contribuent jusqu’à 85% de l’effet total de la prédation. Le premier chapitre est une revue de littérature à propos des NCE chez les grands mammifères. J’ai mis en évidence qu’étudier les NCE chez les grands mammifères implique de collecter des données sur le long terme, que les réponses réactives (i.e. les réponses à un risque de prédation immédiat) ont été peu étudiées, et que les connaissances sur les NCE avaient principalement été acquises en ne prenant en compte qu’un prédateur (or pour 90% des zones d’études plusieurs espèces de prédateurs coexistent). Ainsi, dans le deuxième et troisième chapitre, j’ai étudié la réponse réactive antiprédateur de grands herbivores à des prédateurs ayant des modes de chasses différents, afin de tester l’hypothèse que les prédateurs à l’affût (attrapent leurs proies par surprise) induisent des NCE plus importants que les prédateurs cursoriaux (coursent leurs proies) comme cela a été démontré chez les invertébrés. Le second chapitre porte sur la réponse spatiale réactive du zèbre des plaines (Equus quagga) après une rencontre avec la hyène tachetée (Crocuta crocuta) un prédateur cursorial, ou le lion d’Afrique (Panthera leo) un prédateur à l’affut, et ce à partir de données issues de colliers GPS, déployés simultanément sur les trois espèces. Les zèbres avaient deux fois plus de chances de fuir, ils se déplaçaient plus rapidement et plus loin après avoir rencontré un lion qu’après avoir rencontré une hyène. Dans le troisième chapitre j’ai mis au point une expérience pour évaluer la réponse comportementale immédiate du chevreuil (Capreolus capreolus) au lynx (Lynx lynx) un prédateur à l’affût et au loup gris (Canis lupus) un prédateur cursorial. Le risque de prédation a été simulé la nuit avec des repasses acoustiques, et la réponse des proies a été filmée. Les chevreuils abandonnaient plus souvent le site après une repasse acoustique de lynx. Les résultats des deux chapitres tendent à supporter l’hypothèse de départ. Parce que les prédateurs ne diffèrent pas que par leur mode de chasse (masse corporelle, socialité…), et que ces chapitres ne s’intéressent qu’à une seule paire de prédateurs à la fois, il y a besoin d‘autres études pour pouvoir tirer des conclusions générales comme cela a été le cas pour les invertébrés. Les grand carnivores sympatriques sont liés par un réseaux d’interactions diverses (négative et positives). Dans une seconde partie de la thèse étant le quatrième chapitre, j’ai évalué les cooccurrences spatio temporelles de trois grands carnivores sympatriques : le lion, la hyène tachetée et le léopard (Panthera pardus), à différentes échelles en utilisant des données de pièges photographiques. Les trois espèces avaient des patrons d’activité temporelles chevauchants. Les patrons spatiaux des hyènes chevauchaient ceux des lions et des léopards, et ces deux derniers présentaient une ségrégation dans l’espace. Les hyènes tendaient à suivre les lions (et inversement) et les léopards qui eux évitaient les hyènes. Ces patrons ont été discutés en terme de mécanismes sous-jacents comme la facilitation via le kleptoparasitisme ou de compétition indirecte via les proies. Ainsi, le contexte multiprédateurs permet d’augmenter la complexité du système étudié et de mieux comprendre les interactions interspécifiques qui ont lieu dans un écosystème (Annexe 1) et montre ainsi le chemin pour de futures recherches, car au vu des changements auxquels ces espèces font face elles seront amenées à interagir de plus en plus.