Thèse soutenue

Identification de biomarqueurs prédictifs de la survenue d'une arthrite chez le patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI)

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Auteur / Autrice : Fatouma Salem
Direction : Jean-Yves JouzeauDavid Moulin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale BioSE - Biologie, Santé, Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ingénierie moléculaire et physiopathologie articulaire (Vandœuvre-lès-Nancy)
Jury : Président / Présidente : Abdelilah Wakkach
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Yves Jouzeau, David Moulin, Farida Djouad
Rapporteurs / Rapporteuses : Abdelilah Wakkach, Farida Djouad

Résumé

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De nombreuses données récentes suggèrent des liens entre les inflammations digestives et articulaires, dont le pourcentage élevé de patients avec une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) développant une spondylarthropathie axiale (ax-SpA) et le succès clinique des biothérapies anti-cytokines dans ces 2 pathologies. On ignore cependant s'il s'agit d'un lien de causalité ou d'une co-existence entre les 2 maladies. D'un point de vue physiopathologique, la lamina propria (LP) de l'intestin contient une grande quantité de cellules de l'immunité de type 3 dont les lymphocytes TH17 et les cellules lymphoïdes innées de type 3 (ILC3s). Ces cellules jouent un rôle essentiel dans l'homéostasie intestinale en agissant comme un pare-feu contre les pathogènes extracellulaires mais peuvent générer une inflammation digestive voire de l'auto-immunité en cas d'activation excessive. Leur différenciation IL-23-dépendante est contrôlée par le facteur de transcription RORγt qui est lui-même réprimé par le récepteur nucléaire PPARγ. Ainsi, PPARγ est apparu comme un régulateur majeur de la voie IL-17/TH17-ILC3. Comme il est également capable de moduler la sécrétion de peptides antimicrobiens, il est un interacteur potentiel entre le microbiote fécal et la muqueuse digestive par sa capacité à réguler à la fois la réponse immune locale et la composition du microbiote. Pour étudier le rôle régulateur de PPARγ sur l'inflammation digestive, indépendamment de son impact métabolique général sur l'adipogénèse, nous avons généré des souris déficientes pour PPARγ dans les cellules immunitaires, i.e. une invalidation de PPARγ dans les cellules exprimant RORγt (RORγtcre+ PPARγfl/fl). En utilisant le modèle de colite induite par le DSS (sulfate de dextran sodique), nous n'avons pas montré d'aggravation de la maladie ni d'augmentation des cellules de l'immunité de type 3 dans la LP des souris déficientes en PPARγ. Cette absence d'effet n'a pas été modifiée par une déplétion cellulaire préalable par un anticorps anti-CD3 et a été reproduite dans le modèle de colite présumément plus ILC-3-dépendante induite par l'injection d'un anticorps anti-CD40. Ces résultats ne montrent pas un effet majeur de PPARγ sur les cellules de l'immunité innée de type 3 pendant l'inflammation digestive ou suggèrent que la réponse immune de type 3 n'est pas un mécanisme physiopathologique majeur dans les modèles animaux utilisés. Pour rechercher des biomarqueurs caractéristiques de l'apparition d'une ax-SpA chez les patients MICI, nous avons constitué la cohorte Floracrohn pour comparer des patients avec une maladie de Crohn (MC) sans inflammation articulaire, des patients avec une ax-SpA (SpA) sans inflammation digestive, des patients avec une MC ayant développé une ax-SpA (MC+SpA) et des patients non malades (contrôles). Les groupes de patients étaient majoritairement traités par des anti-TNFα et comparables en termes de consommation tabagique. Nous avons confirmé que les patients MC+SpA ont des maladies plus sévères et montré que le microbiote bactérien était plus fortement déséquilibré par la MC que par la ax-SpA avec l'émergence de quelques groupes bactériens. Au contraire, le fungome fécal était plus fortement déséquilibré par la ax-SpA que par la MC avec une diminution des certain genres comme une signature possible de l'apparition d'une ax-SpA chez les patients MC. Nous avons pas trouvé de différences parmi les 23 polymorphismes concernant les voies IL-17/IL-23 étudiées. La recherche d'une signature fungique spécifique pourrait être utile pour identifier les patients MC à risque de développer une ax-SpA, ce qui pourrait être complété par un profil cytokinique actuellement en cours d'évaluation.