Thèse soutenue

Génomique de l'altération des minéraux par la souche bactérienne Collimonas pratensis PMB3(1)

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Auteur / Autrice : Laura Picard
Direction : Stéphane UrozMarie-Pierre Turpault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 06/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions Arbres Micro-organismes (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Vuilleumier
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Uroz, Marie-Pierre Turpault, Florence Wisniewski-Dyé, Lionel Moulin, Patrick Billard
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Wisniewski-Dyé, Lionel Moulin

Résumé

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Dans les régions tempérées, les minéraux et les roches représentent la source principale de cations nutritifs des sols des écosystèmes à faible intrants telles que les forêts. Dans de tels environnements pauvres en nutriments, l’accès et le recyclage des cations nutritifs sont des processus clés pour la croissance et la productivité des arbres. Cependant, ces cations nutritifs ne sont pas directement accessibles aux racines des arbres car piégés dans les minéraux et roches des sols. En conséquence, le processus d’altération des minéraux joue un rôle essentiel car il contribue à restaurer la fertilité des sols et à fournir des nutriments inorganiques nécessaires à la croissance des arbres. L’altération des minéraux peut être dûe à des processus abiotiques (pH, érosion…) ou des processus biotiques (plantes, champignons, bactéries…). Parmi les acteurs biotiques, les bactéries sont capables d’altérer les minéraux par différents mécanismes comme la production de protons (acidolyse) ou la production de molécules chélatrices (complexolyse). Néanmoins, les gènes et protéines impliqués dans l’altération des minéraux par les bactéries sont mal connus. Dans le cadre de cette thèse, la souche bactérienne Collimonas pratensis PMB3(1) a été utilisée comme modèle pour identifier les gènes de l’altération. Cette souche a été isolée de la mycorhizosphère du chêne et est particulièrement efficace pour altérer les minéraux. Dans cette thèse l’analyse du génome de la souche PMB3(1) a mis en évidence l’absence certains gènes décrits dans l’altération (comme les glucose déshydrogénases PQQ dépendantes) et a souligné la nécessité de développer deux approches complémentaires : avec et sans a priori. (i) La démarche sans a priori a été développée via la création d’une banque de mutants aléatoires. Le criblage de cette banque de mutants sur des biotests mimant l’altération des minéraux a permis de sélectionner 3 mutants impactés dans leur capacité à altérer les minéraux. La caractérisation de ces mutants a révélé des mutations dans différents gènes impliqués dans la synthèse d’une glucose/méthanol/choline oxidoréductase (GMC). La comparaison de composés chimiques présents dans le surnageant de la souche sauvage et des mutants a révélé que cette GMC était responsable de la métabolisation du glucose en gluconate et de la production de protons, conduisant à une acidification du milieu et à une acidolyse des minéraux. (ii) La démarche avec a priori a été réalisée par la création d’un mutant ciblé au niveau du gène mbaA codant pour un NRPS (Non-Ribosomal Peptide Synthetase) responsable de la synthèse de sidérophore. L’utilisation conjointe de méthodes de chromatographie et de spectrométrie de masse a permis de caractériser chimiquement ce sidérophore, qui a été identifié comme étant une malléobactine. La comparaison de la souche sauvage et du mutant a révélé que la production de la malléobactine est impliquée dans l’altération de l’hématite par complexolyse et ce dans un milieu avec un fort pouvoir tampon. Les tests d’altération réalisés avec différents types de minéraux en présence de deux sources de carbones (glucose ou mannitol) et deux milieux ayant un pouvoir tampon différent ont révélé que la souche PMB3(1) était efficace pour altérer tous les minéraux testés. De plus, la source de carbone et le tampon du milieu avaient une forte influence sur l’efficacité des agents altérants. Enfin, des résultats préliminaires ont été obtenus sur la régulation des gènes et protéines en fonction de la disponibilité en nutriments inorganiques et de la présence du minéral par des techniques de transcriptomique et protéomique. Pour conclure, cette thèse a permis de (i) découvrir de nouveaux gènes liés à l’altération des minéraux par les bactéries, (ii) mettre en évidence l’influence des facteurs environnementaux dans l’efficacité des mécanismes d’altération utilisés par les bactéries.