Thèse soutenue

Évaluation de l’intérêt du sevrage dans le traitement des dépendances aux opiacés

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Auteur / Autrice : Paolo Di Patrizio
Direction : Gisèle KannyMartine Batt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 16/03/2021
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale BioSE - Biologie, Santé, Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interpsy-ETIC (Metz ; 2009-...)
Jury : Président / Présidente : Bruno Py
Examinateurs / Examinatrices : Gisèle Kanny, Martine Batt, Dagmar Haller-Hester, Carlo Galimberti, Amélie Liou
Rapporteurs / Rapporteuses : Dagmar Haller-Hester, Carlo Galimberti

Résumé

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Le médecin généraliste (MG) accueille régulièrement des patients dépendants aux opiacés consommés sous forme de substances illégales, de traitements de substitution (TSO) (méthadone, buprénorphine) ou de médicaments antalgiques. Cette étude comporte deux parties : une revue systématique de la littérature et une étude qualitative par entretiens semi-dirigés de MG. La revue bibliographique a permis de :- montrer un consensus sur les traitements utilisables pour le sevrage aigu. Les traitements comprennent des alpha2adrénergiques associés à des traitements symptomatiques. La naltrexone est parfois adjointe à ces traitements, - définir le profil des patients éligibles au sevrage ambulatoire et ses contre-indications, - souligner la nécessité d’un accompagnement psychosocial initié dès la phase aigüe et poursuivi à moyen et long terme ainsi que l’importance du soutien des associations de patients. Dans l’étude qualitative que nous avons menée, les médecins généralistes soulignent les difficultés de réalisation des sevrages en soins primaires ambulatoires, en raison des spécificités de l’approche des patients dépendants aux opiacés, l’insuffisance des structures pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles d’accompagnement ainsi que la place prépondérante qu’occupe les TSO. Ces deux études concluent au fait que le sevrage est passé au second plan face aux thérapies de substitution. Alors que la littérature fait état de l’apparition de nouvelles formes d’addiction aux opiacés de synthèse prescrits comme traitement antalgique, la perception des médecins généralistes de cette nouvelle forme d’addiction reste ténue. Ceux-ci soulignent le défaut de ressources en structures et en intervenants pour mener à bien le sevrage ainsi que le manque d’informations suffisantes et adaptées sur les dispositifs de soins dédiés au sevrage. Les structures de prise en charge en addictologie doivent être repensées pour permettre la réalisation d’un sevrage. Il apparaît nécessaire de renforcer le dispositif d’accompagnement médico-social, hospitalier et ambulatoire dédié au sevrage des patients dépendants aux opiacés. L’élément dominant est la force de propositions des médecins. Ils proposent une nouvelle organisation des soins addictologiques avec principalement le développement des microstructures ambulatoires pluriprofessionnelles au sein des cabinets. Leur déploiement et leur évaluation apparaissent être une priorité dans la prise en charge des patients dépendants aux opiacés. Les associations de patients doivent s’intégrer à ce dispositif. La proposition de prescription d’une activité physique adaptée à ces patients mérite toute l’attention dans le cadre d’une approche globale de la santé du patient. Il apparaît essentiel d’envisager la formation des médecins aux modalités du sevrage et aux nouvelles formes d’addiction. L’identification des profils de patients accessibles au sevrage est nécessaire pour éviter la proposition systématique de produits de substitution. Les médecins interrogés suggèrent de pouvoir libérer le temps suffisant pour la prise en charge spécifique des patients dépendants dans un accompagnement au sevrage. La prescription d’un TSO nécessite un temps de consultation compatible avec un acte de consultation en médecine générale ambulatoire. Il apparaît nécessaire de réfléchir à un forfait pour la mise œuvre du sevrage. Les médecins généralistes demandent la mise en place d’un dispositif d’aide et de soutien par leurs pairs au sein d’une entraide par le conseil de l’ordre lorsqu’ils se trouvent en difficulté dans la prise en charge d’un patient dépendant. Ces travaux concluent à la nécessité de repenser l’organisation addictologique en médecine ambulatoire pour pouvoir répondre aux demandes de sevrage. Accompagner un sevrage justifie un budget spécifique et des structures dédiées. Le bénéfice en santé, le gain économique et l’impact sociétal du sevrage chez les dépendants aux opiacés méritent d’être évalués [...]