Biais attentionnels dans l’anxiété et la dépression : approches comportementale et neurovégétative
Auteur / Autrice : | Stéphane Ranfaing |
Direction : | Henrique Sequeira, Hugo Critchley |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie, Biologie des organismes, populations, interactions |
Date : | Soutenance le 07/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : SCALab Sciences Cognitives & Sciences Affectives |
Jury : | Président / Présidente : Harold Mouras |
Rapporteur / Rapporteuse : Salvatore Campanella, Mandy Rossignol |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’anxiété et la dépression sont caractérisées par un déploiement altéré des ressources attentionnelles, notamment vers l’information visuelle émotionnelle. Aussi, ces symptomatologies manifestent des variations neurovégétatives atypiques en réponse à des stimulations émotionnelles. Nous avons donc cherché à établir des liens entre le déploiement de l’attention et la réactivité neurovégétative à l’émotion afin de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans l’anxiété et la dépression. En conséquence, notre programmation expérimentale a mis en œuvre une approche intégrée afin d’étudier le déploiement de l’attention vers des scènes émotionnelles. Celles-ci étaient présentées en vision centrale (VC) et en vision périphérique (VP) ou lors de paradigmes de visualisation de paires d’images émotionnelles, chez des individus manifestant des niveaux pré-cliniques d’anxiété et de dépression. Nous avons ensuite évalué les répercussions attentionnelles et neurovégétatives d’une procédure de modification de déploiement de l’attention.Dans un premier temps, nous montrons que l’anxiété est associée à une hyperréactivité à l'émotion et à une hypervigilance en VP. De plus, l’anxiété mène à un biais de réponse accru pour les informations déplaisantes en VP. Aussi, la dépression est associée à une atténuation de la réactivité aux informations émotionnelles et plus particulièrement aux informations plaisantes. Une focalisation en vision centrale, lors de la présentation d’images émotionnelles, est aussi observée en lien avec les niveaux de dépression. Dans un second temps, nous avons pu établir que la réactivité neurovégétative à l’émotion peut être modulée par le déploiement de l’attention vers l’émotion et la symptomatologie dépressive. En effet, nous observons une association entre la réactivité neurovégétative et le biais attentionnel à l'information plaisante d'une part, et à la symptomatologie dépressive d'autre part. Enfin, une modulation de la réactivité neurovégétative a été observée suite à l’utilisation d’une procédure de modification de déploiement de l’attention. Une telle modification se caractérise par une réduction de l’activité sympathique et une augmentation de l’activité parasympathique en réponse aux stimulations émotionnelles.L’ensemble des résultats présentés apporte des arguments expérimentaux en faveur de la mesure conjointe des processus attentionnel et neurovégétatif afin de mieux préciser la distinction entre la symptomatologie anxieuse et dépressive. Les résultats montrent aussi l’apport des modifications de déploiement attentionnel envers les informations émotionnelles dans l’espace visuel. En effet, leur impact peut s’avérer pertinent pour agir à la fois sur le volet attentionnel et neurovégétatif chez des individus aux prises avec des manifestations pré-cliniques d’anxiété et de dépression. Nos résultats ouvrent ainsi des perspectives encourageantes sur la personnalisation des techniques comportementales utilisées dans l’anxiété et la dépression, dans le cadre du déploiement de l’attention dans l’espace visuel.