Thèse soutenue

Rôle potentiel de l'hormone antimüllérienne (AMH), et de ses différentes formes moléculaires, dans la physiopathologie et l'héritabilité du syndrome des ovaires polykystiques

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Auteur / Autrice : Maëliss Peigné
Direction : Sophie Jonard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie, Biologie des organismes, populations, interactions
Date : Soutenance le 02/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lille Neuroscience et Cognition (Lille) - Lille Neurosciences & Cognition - U 1172
Jury : Président / Présidente : Paolo Giacobini
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Jonard, Isabelle Beau, Blandine Courbière, Michaël Grynberg
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Beau, Blandine Courbière

Résumé

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CONTEXTE : Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui touche 5 à 20 % des femmes, est caractérisé par une hyperandrogénie, des troubles de l'ovulation ou un aspect échographique d'ovaires polykystiques. L'hormone anti-müllerienne (AMH), dont le taux sérique est 2-3 fois plus élevé chez les femmes avec SOPK que chez les témoins, a pour rôle l'inhibition du recrutement folliculaire initial et cyclique et pourrait jouer un rôle dans la physiopathologie de ce syndrome. Elle existe sous différentes formes moléculaires, clivée et non-clivée. L'injection d'AMH chez la souris en fin de gestation provoque l'apparition d'un phénotype « SOPK », possiblement via une hyperandrogénie gestationnelle. L'AMH pourrait donc, également, jouer un rôle dans l'héritabilité du SOPK qui est estimée entre 35 et 70%, mais n'est expliquée que dans moins de 10% des cas par une cause génétique.PARTIE 1 : Dans la première partie de ce travail, nous nous sommes intéressés à la proportion des différentes formes moléculaires de l'AMH dans le sérum et dans le liquide folliculaire des femmes en fonction de la présence ou non d'un SOPK et de l'indice de masse corporelle. Après un prétraitement de l'échantillon par déoxycholate (DOC), seule la forme non-clivée, inactive, de l'AMH était dosable. Ainsi par comparaison des mesures d'AMH avec ou sans prétraitement par DOC, nous avons obtenu la proportion des formes moléculaires clivées et non-clivées de l'AMH. Cette proportion n'est pas différente entre les femmes atteintes d'un SOPK et les femmes témoins. En revanche, la proportion de formes clivées est plus élevée dans le sérum de femmes obèses par rapport aux femmes de poids normal, alors qu'elle n'est pas différente dans le liquide folliculaire. Ainsi, nous avons pu montrer que le clivage de la forme inactive de l'AMH, en sa forme clivée active, semble survenir plutôt en dehors de l'ovaire et est majoré chez les patientes obèses.PARTIE 2 : Dans la deuxième partie de ce travail, nous nous sommes intéressés, chez la femme, à l'impact possible de l'AMH pendant la grossesse sur l'héritabilité du SOPK. Nous avons réalisé un suivi longitudinal trimestriel de femmes enceintes porteuses ou non d'un SOPK. Nous avons mis en évidence que l'AMH, et sa forme clivée, diminuaient significativement pendant la grossesse mais restaient plus élevés chez les femmes avec SOPK que chez les témoins. En revanche la proportion de ces différentes formes moléculaires n'était pas modifiée pendant la grossesse. Une hyperandrogénie gestationnelle est retrouvée chez les femmes avec SOPK mais nécessite d'être confirmée par des dosages complémentaires. A la différence de ce qui a été montré chez la souris, la LH chez les femmes avec SOPK n'est pas plus élevée que chez les témoins en fin de grossesse. Enfin, les analyses d'expressions géniques placentaires ne sont que parcellaires mais l'expression des gènes de la stéroïdogenèse et de l'AMHR2 est bien retrouvée, sans différence significative entre femmes avec SOPK et témoins pour le moment.CONCLUSION : Ce travail a permis de mettre en évidence que le lien entre AMH et SOPK, cette pathologie hétérogène, est complexe. L'AMH, par la modulation de ses formes actives circulantes en fonction de l'environnement métabolique, pourrait avoir des impacts différents selon les phénotypes métaboliques des patientes. En particulier pendant la grossesse, l'AMH pourrait participer, peut-être de façon différente en fonction des phénotypes métaboliques des patientes, à moduler un état d'hyperandrogénie gestationnel possiblement à l'origine de modifications d'expressions géniques ou épigénétiques pendant le développement fœtal à l'origine d'une prédisposition au développement ultérieur du SOPK.