Rôle du récepteur nucléaire Farnesoid X Receptor intestinal dans la fonction immune de l’intestin dans le contexte physiopathologique de la stéatohépatite non alcoolique
Auteur / Autrice : | Margaux Nawrot |
Direction : | Sophie Lestavel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie |
Date : | Soutenance le 17/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Récepteurs Nucléaires- Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires / RNMCD - U1011 |
Jury : | Président / Présidente : Bart Staels |
Examinateurs / Examinatrices : Laure Bindels | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Carrière, Xavier Collet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’homéostasie énergétique est le résultat d’un dialogue constant entre les différents organes métaboliques, notamment entre l’intestin et le foie. L’intestin est une interface entre l'organisme et le milieu extérieur. Son rôle de barrière est possible grâce aux jonctions entre ses cellules et à un système immunitaire complexe. Dans les maladies métaboliques comme le diabète de type 2 et la stéatohépatite non alcoolique (NASH), on observe une augmentation de l'inflammation à bas bruit systémique et en particulier intestinale ainsi qu’une augmentation de la perméabilité intestinale. Le récepteur nucléaire aux acides biliaires, Farnesoid X Receptor (FXR), est exprimé dans les organes métaboliques. Les souris FXR Knock-Out (KO) soumises à un régime standard présentent une augmentation de la perméabilité intestinale par rapport à leurs contrôles de portée, bien qu'elles soient protégées contre l'obésité et l'insulinorésistance induites par un régime riche en graisse. Le rôle de FXR dans l’intestin est rapporté de façon plus contradictoire car selon les études son inactivation dans l’épithélium diminuerait la synthèse de céramides protégeant alors le foie de la stéatose, et son activation induirait le browning du tissu adipeux réduisant l’obésité et l’insulinorésistance. Dans ce contexte, nous avons voulu comprendre si les fonctions immunitaires de l'intestin sont sous le contrôle de FXR intestinal dans un contexte nutritionnel induisant la NASH.Au début de ma thèse, j’ai participé à la mise en place au laboratoire de l’élevage des souris déficientes en FXR uniquement au niveau de l’intestin (intFXR KO) par un système cré-lox. Le modèle a été validé et l’état métabolique des souris sous un régime standard a été vérifié. Bien que les souris intFXR KO semblent présenter des caractéristiques histologiques hépatiques équivalentes aux souris contrôles, l’expression des gènes liés à l’immunité innée nous a laissé penser que la déficience intestinale en FXR pouvait modifier l’état inflammatoire hépatique et global. L’immunophénotypage intestinal nous a permis de montrer que les souris intFXR KO présentaient une augmentation des lymphocytes cytotoxiques (LT CD8+) intestinaux. Nous avons identifié que cette modification proviendrait d’une augmentation de LT CD8 + circulants ciblés vers l’intestin. Cette perturbation de l’immunité intestinale peut être due à la diminution d’expression des protéines des jonctions serrées qui faciliterait le passage des produits microbiens. L’étude du microbiote intestinal des souris intFXR KO montre une augmentation d’une population bactérienne rapportée comme impliquée dans les colites.L’objectif suivant a été d’étudier les conséquences de la déficience en FXR intestinal dans un contexte nutritionnel induisant la NASH en 24 semaines. Nous avons constaté que les souris intFXR KO étaient bien protégées contre la stéatose hépatique, l’analyse transcriptomique de l’intestin nous permettant d’émettre l’hypothèse d’une modulation du métabolisme lipidique intestinal. Elles ne sont cependant pas protégées contre le développement de la NASH et la déficience en FXR au niveau de l’intestin amplifierait même l’expression dans le foie des gènes liés à l’inflammation par rapport aux souris contrôles. Chez les souris intFXR KO, nous observons une augmentation des LT CD8+, une augmentation de marqueurs de perméabilité intestinale et des populations bactériennes intestinales décrites dans les maladies inflammatoires de l’intestin.Ainsi, bien que protégeant contre la prise en poids et la stéatose hépatique, la déficience intestinale en FXR semble amplifier l’inflammation hépatique dans des conditions nutritionnelles standards mais également induisant la NASH. La modulation de l’immunité intestinale par des agonistes de FXR semble donc une approche intéressante pour moduler le dialogue intestin-foie dans le traitement de la NASH.