Gliogenèse hypothalamique et contrôle de la fonction de reproduction
Auteur / Autrice : | Marion Martin |
Direction : | Ariane Sharif |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 14/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lille Neurosciences & Cognition - U 1172 |
Jury : | Président / Présidente : Vincent Prévot |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Ciofi, Anne-Simone Parent | |
Rapporteur / Rapporteuse : Martine Migaud, Brahim Nait-Oumesmar |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La reproduction des espèces est orchestrée au niveau central par des populations neuronales localisées dans l’hypothalamus. La région préoptique en particulier contient les corps cellulaires des neurones à Gonadotrophin Releasing Hormone (GnRH), qui contrôlent la fertilité en stimulant la production des gamètes et des hormones sexuelles. Cette région hypothalamique contient également des circuits neuronaux qui organisent les différentes composantes du comportement maternel, permettant ainsi d’assurer la survie de la descendance. L’activité de ces réseaux neuronaux est finement régulée par des influences neuronales et gliales, et est profondément modifiée au cours de la vie de l’individu. Les modifications d’activité des circuits neuronaux s’opèrent grâce à de multiples mécanismes – dits de plasticité – impliquant notamment des variations d’expression génique, des remaniements structuraux des cellules voire l’ajout de nouvelles cellules. Cette dernière forme de plasticité « cellulaire » s’observe au cours de la période postnatale, dans un contexte développemental, puis se poursuit à l’âge adulte dans certaines régions cérébrales, dont l’hypothalamus.Mes recherches doctorales avaient pour but d’explorer le rôle de la plasticité cellulaire dans la région préoptique de l’hypothalamus dans le contrôle de la fonction de reproduction chez la rate. Pour cela, nous avons choisi deux périodes de la vie associées à de profondes modifications dans l’activité des réseaux neuronaux : la période postnatale, pendant laquelle se produit la maturation des neurones à GnRH permettant la survenue de la puberté, et la gestation, pendant laquelle des modifications s’opèrent dans les réseaux neuronaux contrôlant les adaptations physiologiques de la gestation, la parturition puis la mise en place du comportement maternel. Nous avons abordé cette question au moyen d’approches de neuroanatomie, de biologie cellulaire, moléculaire, d’électrophysiologie et d’analyses comportementales.Nous avons mis en évidence un mécanisme inédit d’interactions entre neurones à GnRH et cellules gliales pendant la période infantile. En effet, les neurones à GnRH sont capables de recruter des progéniteurs d’astrocytes dans leur entourage immédiat au moyen de la signalisation PGD2/DP1. La mise en place de cette couverture astrocytaire est importante pour l’intégration fonctionnelle des neurones à GnRH au sein de leur circuit, en favorisant la formation de synapses glutamatergiques et est nécessaire à la maturation sexuelle et la survenue correcte de la puberté. De façon intéressante, une exposition postnatale au perturbateur endocrinien bisphenol-A, qui altère la maturation du système GnRH, perturbe ce processus de recrutement glial par les neurones à GnRH.Dans un second temps, j’ai montré que la néogenèse dans la région préoptique de l’hypothalamus persiste au-delà de la puberté. Cette activité concerne essentiellement le lignage oligodendroglial, avec une prolifération de précurseurs d’oligodendrocytes (OPC) dont certains se différencient en oligodendrocytes matures. La prolifération des OPC varie au cours du cycle oestral, avec un pic en diestrus 2, et les cellules nouvellement formées survivent préférentiellement en cas de gestation, et ce sélectivement dans l’aire préoptique mediane. Enfin, j’ai démontré que la formation de ces nouvelles cellules oligodendrogliales, souvent morphologiquement associées à des corps cellulaires neuronaux, est nécessaire à l’expression optimale du comportement maternel.L’ensemble de ces résultats montre l’importance de la gliogenèse dans la région préoptique de l’hypothalamus tout au long de la vie chez la rate. Des travaux ultérieurs seront indispensables pour mieux comprendre les mécanismes régulant cette gliogenèse et leur impact sur l’activité des circuits neuronaux hypothalamiques.