Rôle du génotype d'ACTN3 dans l'équilibre morphofonctionnel de l'appareil manducateur
Auteur / Autrice : | Romain Nicot |
Direction : | Gwénaël Raoul |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pathologie de la tête et du cou |
Date : | Soutenance le 19/11/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Médicaments et biomatériaux à libération contrôlée: mécanismes et optimisation - Advanced Drug Delivery Systems - U 1008 |
Jury : | Président / Présidente : Joël Ferri |
Examinateurs / Examinatrices : Muriel Brix, Gilles Pasquier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle Barthélémy, Narcisse Zwetyenga |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Contexte : Les dysmorphoses dentofaciales sont des anomalies de position des dents et des mâchoires sous l’influence de certains facteurs génétiques, de la fonction manducatrice, et de la présence de dysfonctions et parafonctions orales. L’asymétrie mandibulaire est une comorbidité fréquente des dysmorphoses dentofaciales et elle contribue significativement à la genèse des dysfonctions temporomandibulaires (DTM).ACTN3 est un gène d’intérêt qui code pour l’alfa-actinine 3, une protéine exprimée uniquement dans les fibres rapides. Son polymorphisme nucléotidique ACTN3 R577X résulte en l’absence de protéine alfa-actinine 3, conduisant à une diminution de l'activité contractile rapide, une amélioration des performances d'endurance et une réduction de la masse osseuse et de la densité minérale osseuse. Nous avons émis l’hypothèse qu’ACTN3 pouvait être impliqué dans des modifications particulières du statut histomorphométrique des muscles masséters, et jouer un rôle dans la genèse des dysmorphoses dentofaciales, mais également dans la survenue du bruxisme auto-déclaré et des douleurs myofasciales.Objectifs :• Rechercher une association entre le génotype d’ACTN3 et les principales dysmorphoses dentofaciales,• Étudier le génotype d’ACTN3 dans la stabilité condylienne et sa contribution à l’étiopathogénie des DTM,• Étudier la relation entre le génotype d’ACTN3, le phénotype musculaire massétérin et le bruxisme auto-déclaré et les douleurs myofasciales.Méthode : Nous avons inclus 237 patients consécutifs présentant une dysmorphose dentofaciale d’indication orthodontico-chirurgicale. Le recueil de données préopératoires comprenait l’évaluation standardisée des DTM et des dysfonctions et parafonctions orales, ainsi qu’un bilan téléradiographique. Des prélèvements salivaires étaient effectués en vue d’analyses génotypiques. La chirurgie orthognathique permettait de réaliser un prélèvement bilatéral des muscles masséters dans un objectif histomorphométrique. Étaient déterminés le type de fibres musculaires, leur nombre, leur surface moyenne et leur pourcentage d’occupation.Résultats :1) La fréquence du génotype d’ACTN3 était significativement différente pour les dimensions sagittales et verticales de l’architecture faciale, l'association la plus claire étant l’augmentation de la fréquence du génotype 577XX chez les patients présentant une dysmorphose dentosquelettique de classe II (p<0.003). Ce génotype était également associé à un diamètre significativement plus petit des fibres rapides de type II dans le muscle masséter (p<0.002).2) Il existait une association très significative (p<0.0001) entre les allèles R577X et le remodelage condylien chez les patients présentant une asymétrie faciale typique, l'allèle X(muté) étant plus élevé lorsque le modelage du condyle était normal.3) Il existait des différences significatives dans les génotypes pour rs1815739 (R577X non-sens)(P = 0.001), rs1671064 (Q523R faux-sens) (P = 0.005) et rs678397 (variant intronique) (P =0.001) entre les bruxeurs et les non-bruxeurs. Les patients présentant un bruxisme auto-déclaré présentaient une surface moyenne des fibres musculaires plus importante pour le type IIA (P =0.035). Les patients avec le génotype CC (type sauvage) pour rs1815739 (R577X) présentaient des surfaces moyennes des fibres de type IIA plus grandes [1394.33 micromètres carrés(572.77)] que ceux avec les génotypes TC [832.61 (602.43)] et TT [526.58 (432.21)] (P =0.014). Conclusion : Le génotype ACTN3 577XX est un facteur protecteur du bruxisme auto-déclaré,et à fortiori des DTM, et il participe à la stabilité condylienne chez les patients affectés par une dysmorphose dentofaciale. Néanmoins, il est associé à des anomalies architecturales dans les dimensions sagittale et verticale, soulignant le rôle d’adaptations fonctionnelles musculosquelettiques déséquilibrées sous influences génétiques ou épigénétiques dans l’étiologie des dysmorphose dentofaciales.