Epidémiologie et transmission du parasite entérique Blastocystis sp. en Afrique et au Moyen Orient
Auteur / Autrice : | Salma Khaled |
Direction : | Eric Viscogliosi, Fouad Dabboussi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Parasitologie |
Date : | Soutenance le 21/05/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) en cotutelle avec Université Libanaise |
Ecole(s) doctorale(s) : | École graduée Biologie-Santé (Lille ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Center for Infection and Immunity of Lille |
Résumé
Blastocystis sp. est un protozoaire entérique parasitant fréquemment l’Homme et de nombreux groupes d’animaux. Malgré son impact majeur en santé publique, encore trop peu de données concernant la prévalence et la distribution des sous-types (STs) de Blastocystis sp. sont disponibles dans la littérature pour certaines régions du monde comme l’Afrique et le Moyen-Orient. De plus, sa fréquence importante chez les animaux d’élevage pose naturellement la question de son potentiel zoonotique qui se doit d’être évalué par exemple pour le bétail. Aussi, dans une première étude, Blastocystis sp. a été recherché par PCR en temps réel dans un grand nombre d’échantillons de selles collectés au sein d’écoliers sénégalais dans le cadre de ce qui représente la plus large enquête épidémiologique jamais menée en Afrique. La prévalence rapportée atteint les 80% témoignant ainsi d’une circulation très active du parasite dans cette région du globe en lien avec des conditions sanitaires et d’hygiène précaires. Le sous-typage des isolats correspondants par séquençage montre une prédominance du ST2 suivi des ST1, ST3, ST7, ST10 et ST14. C’est la première identification dans la population humaine des ST10 et ST14 qui sont fréquents chez les bovins. Plus globalement, les isolats d’origine animale (ST7, ST10 et ST14) sont en nombre limité en Afrique suggérant un faible risque de transmission zoonotique. L’étude de la diversité génétique intra-ST des ST1, ST2 et ST3 confirme que le ST3 est principalement transmis par voie interhumaine alors que différentes sources de transmission existent pour les ST1 et ST2. Une seconde étude révèle que la prévalence de Blastocystis sp. dépasse les 60% dans les élevages de vaches laitières au Nord-Liban. Ces premières données pour ce groupe d’animaux d’importance économique majeure dans ce pays posent la question de l’impact de cette infection dans la filière bovine. Le sous-typage des isolats indique la présence d’une grande variété de STs chez ces animaux couplée à une large prédominance des ST10 et ST14, confirmant que ces deux STs sont bien les STs adaptés aux bovins. La présence des autres STs est probablement liée à des contaminations opportunistes à partir de différentes sources humaines, animales ou environnementales. D’autre part, en comparant la distribution des STs du parasite chez ces animaux avec celle déterminée chez les éleveurs de ces bovins, un risque très limité de transmission zoonotique a pu être mis en évidence. La dernière enquête a quant à elle été conduite dans une cohorte de réfugiés syriens vivant dans plusieurs camps localisés au Nord-Liban. Elle représente la toute première étude portant sur la population syrienne complétant ainsi les données épidémiologiques disponibles pour Blastocystis sp. au Moyen-Orient. Dans cette population, la circulation du parasite est là encore très active puisque la prévalence du parasite excède les 60% avec une large prédominance du ST3 suivi du ST1, du ST2 et du ST10 (1 seul isolat). En comparant la prévalence du parasite observée dans les camps avec assainissement avec celle déterminée dans les camps sans assainissement, il est clair qu’un accès difficile à une eau potable et à de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène favorise la transmission du parasite. D’autre part, l’analyse comparative de la diversité génétique intra-ST des ST1, ST2 et ST3 des isolats de cette cohorte de réfugiés et de ceux de la population locale du Nord-Liban suggère fortement que Blastocystis sp. est principalement transmis par la voie anthroponotique chez les réfugiés et que la circulation du parasite entre ces deux communautés est extrêmement limitée du fait de contacts très restreints. C’est à ce jour la seule étude s’étant intéressée au risque potentiel de transmission de Blastocystis sp. à une population locale via une vague de migration.