Thèse soutenue

Implication du saut de l’exon 14 du récepteur MET dans le cancer du poumon : caractérisation des mécanismes d’activation

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Auteur / Autrice : Marie Fernandes
Direction : David Tulasne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire
Date : Soutenance le 01/04/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Lille ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cancer Heterogeneity- Plasticity and Resistance to Therapies - UMR 9020 - U 1277 / CANTHER
Jury : Président / Présidente : Luc Friboulet
Examinateurs / Examinatrices : Servane Delamasure, Paulo De Sepulveda
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Friboulet

Résumé

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Les thérapies ciblant les récepteurs tyrosine kinase ont contribué à améliorer le pronostic de certains patients et apportent un véritable espoir thérapeutique dans la lutte contre les cancers. Bien que la majorité des mutations des RTK impactent le domaine kinase et conduisent à leur activation constitutive, celles touchant le récepteur MET dans le cancer du poumon conduisent au saut de l’exon 14 (MET ex14) codant le domaine juxtamembranaire. Le domaine perdu comporte au moins trois sites de régulation négative. Parmi eux, les résidus phosphorylables S985 et Y1003 permettent respectivement l’inhibition de l’activité kinase et la dégradation de MET en réponse à l’HGF, le ligand du récepteur. Le motif ESVD1002, quant à lui, est un site de clivage par les caspases permettant la génération du fragment p40MET impliqué dans l’apoptose.Dans ce contexte, mon objectif de thèse a été de mieux caractériser les mécanismes d’activation du récepteur MET ex14 en déterminant l’implication de l’HGF et la contribution relative de ces sites de régulation dans les capacités transformantes des cellules MET ex14. Pour répondre à ces questions, dans un premier temps nous avons établi par technologie CRISPR-Cas9 une lignée épithéliale pulmonaire présentant un saut de l’exon 14 à partir de la lignée 16HBE. Au travers d’un travail collaboratif avec une équipe londonienne, nous avons montré que le récepteur MET ex14 est dépendant de l’HGF pour l’établissement de ses capacités transformantes complètes. En effet, seules les cellules 16HBE ex14 induisent la formation de tumeurs et ce développement tumoral est significativement plus fréquent et de volume supérieur dans des souris transgéniques exprimant l’HGF humain. Par ailleurs, nous montrons que parmi 18patients MET ex14 testés, au moins un tiers d’entre eux présentent une co-expression d’HGF et MET. Néanmoins, les mécanismes moléculaires à l’origine de cette expression ainsi que ses conséquences fonctionnelles restent à déterminer. Dans un second temps, afin de mieux caractériser les sites de régulations impliqués dans le potentiel transformant de MET ex14, nous avons établi des lignées cellulaires épithéliales T47D exprimant des versions de MET sauvage, dépourvu de l’exon 14 ou muté sur chacun ou la totalité des sites de régulation décrits. Nos résultats montrent qu’en réponse à l’HGF, la mutation du résidu Y1003 induit une activation des voies de signalisation en aval plus forte et prolongée associée à des capacités migratoires plus importantes similaires au récepteur MET ex14. Par ailleurs, le programme transcriptionnel de MET ex14 et Y1003F en réponse à l’HGF présente des similitudes en incluant notamment des gènes associés à l’invasion. En revanche, la mutation du site de clivage par les caspases induit la perte des capacités pro-apoptotiques de MET favorisant ainsi la survie des cellules MET ex14. Les cellules T47D MET n’induisant pas le développement de tumeurs in vivo, nous avons développé également une lignée 16HBE mutée Y1003F par technologie CRISPR. De manière intéressante, la perte du siteY1003 seule ne confère pas les mêmes capacités tumorigéniques que la mutation MET ex14 en xénogreffes murines en permettant le développement de peu de tumeurs par rapports aux cellules MET ex14. L’ensemble de ces résultats révèle que la perte de l’exon 14 conduit à un mode d’activation original et différent d’autres mutations de MET activatrices de la kinase. Nous montrons notamment que le récepteur MET ex14 est dépendant de l’HGF pour le développement d’un potentiel transformant complet et que ces capacités sont la conséquence de la perte combinée d’au moins deux mécanismes de régulation du récepteur impactant la migration mais également la survie cellulaire. Ces éléments confortent l’utilisation des inhibiteurs kinase ciblant MET et pourraient permettre d’envisager l’HGF comme un potentiel biomarqueur d’agressivité tumoral et/ou de réponses aux inhibiteurs de MET.