Evolution de la biodiversité des trilobites du Dévonien d’Afrique du Nord : richesse taxonomique, disparité morphologique et impact de l’environnement
Auteur / Autrice : | Valentin Bault |
Direction : | Catherine Crônier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la terre et de l'univers |
Date : | Soutenance le 06/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Lille ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Evolution, Ecologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paléo) |
Jury : | Président / Présidente : Thomas Servais |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Gerber, Christian Klug, Claude Monnet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Gregory D. Edgecombe, Sophie Montuire |
Mots clés
Résumé
L’effet des changements environnementaux sur la biodiversité actuelle est une préoccupation majeure. Comprendre l’impact de ces changements sur la biodiversité passée est une des clés pour pouvoir appréhender les bouleversements actuels et futurs. Les trilobites, ont connu de nombreux changements favorables à leur diversification ainsi que de nombreuses crises les amenant proche de l’extinction. Leurs fossiles abondent en Afrique du Nord, ce qui en fait une région idéale pour les étudier. L’objectif de cette thèse a été d’estimer les variations de la biodiversité des trilobites de cette région et d’en identifier leurs origines et conséquences à partir de bases de données compilant l’ensemble des occurrences issues de la littérature. Le premier aspect de la biodiversité étudié a été celui de la richesse taxonomique. A l’aide de différents indices de diversité, on a évalué les grandes tendances globales puis les variations régionales. Alors que la diversité générique était faible au début du Dévonien, une régression a ensuite conduit à une importante diversification, visible à l’échelle globale : la diversification Praguienne. Les trilobites atteignirent leur pic de diversité à l’Emsien, mais par la suite, une succession de changements abrupts du niveau marin associés à de l’anoxie les ont affectés sévèrement. Entre l’Eifelien et le Givétien, les trilobites ont perdu plus de 90% de leur diversité générique. Celle-ci devient encore plus faible au Frasnien et deux ordres disparurent. Après l’extinction de masse du Kellwasser à la limite Frasnien-Famennien, une légère récupération eut lieu impliquant uniquement les ordres Proetida et Phacopida. Le deuxième aspect a été d’étudier la disparité morphologique avec l’aide de points homologues et d’analyses Procruste. Cette étude de la variabilité morphologique a montré les mêmes tendances que celle de la diversité avec un nombre important d’innovations au Dévonien inférieur. Parmi les nouveautés on a noté le développement d’épines. Si les premiers événements biotiques n’ont conduit qu’à une faible perte de morphologies, la plupart des formes ont disparu au Givétien. Les formes les plus touchées sont celles apparues au Praguien et à l’Emsien alors que les formes héritées du Silurien vont se maintenir tout au long du Dévonien. La versatilité de ces formes vis-à-vis des changements d’environnements ou de mode de vie les a aidés à survivre, les ordres caractérisés par ces morphologies ont pu ainsi résister aux différentes crises écologiques. La transition Frasnien-Famennien a marqué le développement des trilobites à vision réduite en réponses aux événements environnementaux. La diversité et la disparité des trilobites d’Afrique du Nord sont donc relativement couplées. Une attention particulière a été donnée aux phacopidés, une famille emblématique du Dévonien qui y atteindra son apogée avant de disparaitre à la fin de la période. Les variations géographiques ont aussi joué un rôle important dans la biodiversité des trilobites avec d’importants échanges fauniques qui ont caractérisé les environnements homogènes du Dévonien inférieur. A contrario, les disparités géographiques et les événements tectoniques du Dévonien moyen et supérieur ont empêché les migrations et les échanges fauniques et ont accéléré le déclin des trilobites. En conclusion, cette étude régionale a montré que les changements environnementaux ont eu des effets importants sur la biodiversité mais que ces effets ont pu être positifs ou négatifs. Un même type de changement peut aboutir à des conséquences différentes en termes de diversité et de disparité car plusieurs phénomènes peuvent intervenir en même temps et l’estimation de leur impact mutuel reste primordial.