Thèse soutenue

Le rôle de l’Histoire dans la fictionnalisation littéraire : les Chemins de la liberté de Jean-Paul Sartre

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Auteur / Autrice : Nan Qin
Direction : Florence de Chalonge
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyses littéraires et histoire de la langue (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Yves Baudelle
Examinateurs / Examinatrices : Christian Morzewski
Rapporteurs / Rapporteuses : Évelyne Thoizet, Aliocha Wald Lasowski

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Jean-Paul Sartre est l'un des plus célèbres écrivains et philosophes du XXe siècle. Les Chemins de la liberté, trilogie inachevée est composée de trois romans principaux : L’Âge de raison, Le Sursis, La Mort dans l’âme. Dans le premier roman L’Âge de raison, Sartre décrit la vie de Mathieu par les personnages ayant un lien avec lui, afin que le monde du roman soit plus vivant et plus complet. Dans L’Âge de raison, pour Mathieu, la liberté est tel un objet qu’il lui faut s’approprier. Pour le deuxième volet de la trilogie, Le Sursis, Sartre emprunte à John Dos Passos le procédé du simultanéisme : il raconte chronologiquement plusieurs histoires huit jours avant la signature des Accords de Munich dans le style littéraire du journal. Le héros se trouve jeté dans la préparation de la Seconde Guerre mondiale, c'est-à-dire dans une situation où il n’est plus capable de choisir par lui-même. Mathieu se perd : il est perplexe, anxieux et sa vie devient pénible. Les deux premiers volets de la trilogie, L’Âge de raison et Le Sursis, ont été achevés par Sartre en 1945, le troisième, La Mort de l’âme, fut terminé après la guerre en 1949. Dans ce troisième volume, les nazis s’emparent de Paris, la France perd la guerre, et le gouvernement de Vichy se met en place. À la fin de la première partie de ce troisième volume, Mathieu prend conscience de la liberté à travers la mort, celle d'autrui et la sienne : "la liberté, c’est la Terreur", finit-il par penser. Jusqu'à ce moment ultime de son existence, il n’aura trouvé la liberté.Sartre ne parvient finalement pas à trouver ou à démontrer ce qu’est la liberté à travers son roman : il ne trouvera pas de solution générale ou universelle à cette question : la mort ne saurait à elle seule signifier l’apogée de la vie. Nous ne pouvons pas pour autant dire que Les Chemins sont un échec, ou qu’ils n’ont pas de valeur. Pour résumer simplement la thèse, nous montrons le rôle de l’Histoire dans une œuvre où la fiction est en charge de la réflexion sur l’homme à travers des éléments et de situations historiques. Le développement philosophique est un axe très influent de l’Histoire et il y joue un premier rôle dans Les Chemins de la liberté. À la fin du roman, la liberté est politiquement condamnée. Politique et histoire se trouvent en effet liées dans le roman philosophique et engagé de Sartre. Cette trilogie ne peut donc être regardée uniquement comme une fiction : elle n’est pas seulement une imitation romanesque du monde réel ; elle est aussi une réflexion sur l'avenir de la société, toujours en formation. Le héros, un homme de la praxis, pousse le lecteur à se réveiller par son appel à la recherche et à l’insistance. La situation du héros et le fond historique du roman deviennent les conditions fictionnelles nécessaires pour répondre au but que l'écriture s'est donné.