Surrégime. Esthétique et philosophie de la musique rock
Auteur / Autrice : | Pierre Arnoux |
Direction : | Bernard Sève |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 11/12/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord) |
Jury : | Président / Présidente : Sandra Laugier |
Examinateurs / Examinatrices : Pauline Nadrigny, Olivier Julien, Rodolphe Burger | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sandra Laugier, Catherine Rudent |
Mots clés
Résumé
L’automobile traverse l’imaginaire des musiques populaires enregistrées comme elle parcourt, incessamment et en tous sens, le paysage sonore du XXe siècle occidental. De toutes les sonorités nouvelles qui sollicitent des citadins toujours plus nombreux, celles de ces machines mobiles sont de fait les plus notables. Mais parmi elles se distinguent particulièrement celles des moteurs gonflés d’une énergie excessive, pris dans un surrégime laissant présager un dénouement à la fois craint et espéré. Ce mouvement n’est pas sans lien avec celui du désir et emporte avec lui ceux qui l’écoutent, mais il reste inachevé ; c’est à la musique rock qu’il revient d’en proposer l’accomplissement.Le rock naît dans les années 1960 et se signale d’emblée par son goût pour des sonorités porteuses d’un sens énergétique extrême. Les guitares électriques en distorsion y tiennent à ce titre une place centrale, partageant avec les moteurs en surrégime cette dynamique d’une intensité croissante appelant son climax. C’est toutefois le titre rock dans sa globalité qui réalise la promesse des moteurs, en faisant entendre, à la faveur de procédés et d’instruments privilégiés, un surrégime absolu : une intensité maximale, telle qu’il ne peut y en avoir de plus haute.La figure dynamique du surrégime permet d’éclairer d’un jour nouveau le rapport du rock aux technologies et pratiques d’enregistrement par lesquelles on a pu vouloir le définir. Paraissant dans les premiers temps de son histoire en défier les normes, la musique rock a de fait entretenu des rapports ambivalents avec le studio. Une tradition en gardera la marque, qui continuera à se donner pour modèle la capture de performances collectives. Mais il ne s’agit pas pour autant de se fermer aux évolutions technologiques : au contraire, lorsque l’esthétique rock investira pleinement les possibilités du studio, elle produira l’une des œuvres les plus cohérentes de son histoire, dans la figure peut-être définitive d’un surrégime total.